Têtes, hélices et trappes à l'IA au salon de la tech de Las Vegas
Qu'ils rêvent d'un ami artificiel disponible à toute heure, d'échapper aux embouteillages ou de s'épargner les "cadeaux" peu appétissants de leur chat, les entrepreneurs du CES ne manquent pas d'imagination pour les faire devenir réalité.
Morceaux choisis du Consumer Electronics Show, le plus grand salon des technologies et de l'électronique grand public, qui se tient à Las Vegas aux Etats-Unis jusqu'à vendredi.
- Tête parlante -
"Je suis conçue pour vous soutenir, sans vous juger", assure Wehead, nouvelle créature informatique à visage humain, voix humaine, corps de robot et intelligence artificielle (IA).
La start-up américaine du même nom a mis au point cet étrange buste à écrans rectangulaires, à poser sur son bureau pour échanger avec une simulation humaine.
"Parfois, vous avez juste besoin de quelqu'un à qui parler pour trouver vos propres solutions à vos problèmes", explique à l'AFP Ilya Sedoshkin, fondateur de Wehead.
"Vous pouvez vous adresser à ChatGPT (l'application d'OpenAI qui a popularisé l'IA générative, ndlr), mais vous n'aurez pas cette sensation que quelqu'un vous écoute".
L'IA générative permet à des logiciels de produire des textes, du son ou des images sur simple requête en langage courant. Cette nouvelle technologie qui fascine et inquiète est en train de transformer internet, de nombreuses applications et aussi des appareils connectés.
Wehead est basée sur ChatGPT, a accès à internet en temps réel et a plus de mémoire que le célèbre chatbot.
"Si vous dîtes au robot: +Je prépare ma visite au CES+, dans une semaine il vous demandera: +Alors c'était comment le CES? Tout s'est bien passé?”, assure Ilya Sedoshkin.
Les amateurs peuvent adopter une tête à qui parler sur abonnement, pour 200 dollars par mois.
"Je n'ai pas eu l’impression de parler à une vraie personne", a commenté Alan Pierce, professeur à la retraite et participant du CES. "J’avais vraiment conscience de parler à un robot, mais conçu de façon astucieuse, comme s'il y avait quelqu'un dedans."
- Taxi des airs -
Mariage entre un hélicoptère et un avion, le S-A2 a vocation à devenir le moyen de transport pour les villes paralysées par les embouteillages.
Son vrai nom c'est eVTOL --véhicule électrique à décollage et atterrissage vertical-- avec un pilote et jusqu'à quatre passagers à bord.
"C'est de la mobilité urbaine aérienne", explique à l'AFP Jaiwon Shin, patron de la société Supernal, filiale du groupe sud-coréen Hyundai. "Le marché le plus important, ce sont les Etats-Unis, des villes comme Las Vegas ou Los Angeles".
Un trajet en voiture d'une heure à cause des embouteillages peut être remplacé par un vol d'une dizaine de minutes seulement, au départ de vertiports disséminés dans la ville. L'objectif est que la place coûte moins cher qu'à bord d'un hélicoptère.
Après chaque vol, un robot à quatre pattes mène une inspection au scanner pour vérifier l'intégrité de l'aéronef --dont les hélices sont fixées à son aile unique et pivotent au décollage et à l'atterrissage.
M. Jaiwon espère un lancement en 2028 mais les obstacles réglementaires ne sont pas une sinécure.
"Cela n'a jamais été fait dans l'aviation, (...) c'est vraiment une révolution et la technologie pour la batterie est un défi technologique", souligne-t-il.
- Pas d'intrus -
Installer une trappe d'accès pour laisser chats et chiens vaquer librement entre intérieur et extérieur d'une maison, c'est également laisser une porte ouverte à la faune sauvage.
Pour Martin Diamond, habitant de l'aride Arizona, il s'agit de coyotes, serpents venimeux ou ratons laveurs.
Peu désireux de croiser l'un de ces spécimens dans son salon, il a inventé Pawport, une porte hermétique qui s'ouvre avec un badge porté par l'animal domestique.
Elle peut se glisser sur une trappe déjà existante, est disponible en plusieurs tailles et finitions et peut être alimentée par une batterie rechargeable, par un panneau solaire ou être reliée au réseau électrique. Disponible à partir de mai, elle coûtera au minimum 459 dollars (419 euros).
Les jumeaux suisses Oliver et Denis Widler se sont, eux, intéressés à d'autres indésirables: les "cadeaux" --oiseaux et rongeurs en général-- rapportés par certains chats à leur propriétaire.
Avec la trappe d'accès Flappie, l'intelligence artificielle veille grâce à des caméras et bloque l'accès si la gueule du félin n'est pas vide.
L'IA repère aussi serpents et poissons, assure la startup, annonçant une efficacité supérieure à 90%. Et la trappe ne s'ouvre qu'aux porteurs d'une puce électronique.
Le dispositif peut être connecté à une application pour que le propriétaire puisse suivre les allées et venues de son animal, images à l'appui. Flappie commence à partir de 299 francs suisses (320 euros).
(P.Tomczyk--DTZ)