Un incendie parcourt 650 ha dans l'Hérault, dans une France frappée par la sécheresse
Un incendie de végétation méditerranéenne, dans une zone difficile d'accès située à une vingtaine de kilomètres de Montpellier (Hérault), a parcouru 650 hectares dans un été marqué par une recrudescence des feux et une sécheresse aigüe en France.
"Deux départs de feux" distants de 1,5 km se sont déclenchés sur les communes de Saint-Bauzille-de-la-Sylve, Gignac et Aumelas, avant de se rejoindre, dans une zone "difficile d'accès" et peu peuplée composée de garrigue, de chênes verts et de vignes.
"Aucune victime n’est à déplorer", a précisé la préfecture.
Quelque 130 personnes ont fait l’objet d’une évacuation à titre préventif sur la commune d'Aumelas, ainsi que 150 personnes qui étaient réunies pour un mariage. Cinquante d'entre-elles ont pu trouver refuge dans une salle des fêtes, a précisé la même source.
"Les conditions de propagation sont très défavorables" avec une végétation très sèche, a indiqué le sous-préfet de Lodève Eric Suzanne lors d'une conférence de presse, ajoutant que les feux avaient été "poussés par un vent important".
L'objectif est de "fixer le feu" d'ici 22h00 et l'arrivée de la nuit qui empêche les avions de secours de survoler la zone pour des questions de sécurité.
"Le vent va tomber avec la nuit normalement, donc il y aura une relative accalmie", a toutefois nuancé M. Suzanne.
"Une enquête judiciaire a été ouverte sur une hypothèse criminelle", a précisé à l'AFP le procureur de Montpellier Fabrice Bélargent.
Le commandant des opérations de secours, le colonel Sylvain Besson, a évoqué pour sa part des départs de feux "probablement malveillants".
"On pense que c'est criminel, c'est désastreux", a réagi le maire de Gignac Jean-François Soto, rappelant qu'une zone Natura 2000 de préservation de la biodiversité se trouvait à proximité.
"Quand on voit tous les efforts que nous faisons tous les moyens que l'on met (...) et le résultat au final, c'est dur", a-t-il commenté.
"Au total, près de 600 sapeurs-pompiers luttent contre les flammes. Trois avions bombardiers d'eau (deux Canadair et un dash) sont également déployés, ainsi que deux avions de la cellule départementale des pompiers de l'Hérault.
"Nous travaillons d'arrache-pied. Le feu n'est pas maîtrisé", a précisé le sous-préfet.
Une noria d'avions jaunes et rouges de la sécurité civile se relayait pour éteindre l'incendie dont les fumées étaient visibles depuis l'autoroute, ont constaté des journalistes de l'AFP.
A la demande des pompiers deux lignes de haute et très hautes tension ont été coupées dans la soirée mais sans que cela ait des conséquences pour les riverains, a précisé à l'AFP RTE, gestionnaire du réseau.
- Intensification de feux et sécheresses -
Outre les mégafeux en Gironde qui ont détruit des milliers d'hectares de forêt, plusieurs incendies ont également touché le sud-est de la France cet été. La semaine dernière, 150 hectares avaient été détruits dans l'Hérault et l'Aude. Dans le département voisin du Gard, quelque 650 hectares de forêt avaient également été ravagés début juillet tandis que 1.600 hectares ont brûlé au sud d'Avignon mi-juillet.
Le département de l'Hérault était mardi en risque incendie "élevé" à "très élevé" suivant les massifs.
Si les étés sont secs dans le Sud, avec le réchauffement climatique, l'intensité de ces épisodes de sécheresse risque encore d'augmenter, selon les experts de l'ONU pour le climat.
En France, avec le réchauffement climatique, "l'activité (des feux) va s'intensifier dans les zones où elle est déjà forte, dans le Sud-Est", avait souligné Jean-Luc Dupuy, expert à l'Institut national de recherche pour l'agriculture, l'alimentation et l'environnement (Inrae) fin juin.
Le risque d'incendie est maximal en France après une vague de canicule. Quatre-vingt-dix départements sur 96, un "record", font l'objet mardi de restrictions pour l'usage de l'eau.
Les feux de forêt qui ont fait rage ces dernières semaines en Europe, notamment dans l'ouest du continent frappé par des vagues de chaleur, ont déjà touché plus de surface que pendant toute l'année 2021, selon le service de surveillance spécialisé européen.
(L.Svenson--DTZ)