Le magazine Epsiloon fête son premier anniversaire, en quête d'équilibre
Le mensuel scientifique Epsiloon, lancé par des anciens de Science et Vie en désaccord avec leur actionnaire, souffle sa première bougie avec succès, malgré une situation économique encore "fragile" et un conflit judiciaire entre ses fondateurs et leur ex-employeur, le groupe Reworld Media.
"On fête une année assez folle", résume pour l'AFP Mathilde Fontez, l'une des rédactrices en chef d', à l'occasion de la sortie mercredi d'un numéro anniversaire, le 13e du titre depuis son arrivée dans les kiosques le 23 juin 2021.
Lancement record en France sur la plateforme de financement participatif Ulule (plus de 24.000 pré-abonnements), flopée de récompenses, dont le "Grand prix du journalisme Michèle Léridon", le jeune magazine, qui revendique 60.000 acheteurs mensuels (dont 42.000 abonnés et 18.000 ventes au numéro), a enchaîné les "réussites", se réjouit Mathilde Fontez.
"On est parvenu à s'installer à un niveau intermédiaire" face aux "deux poids lourds" du secteur Sciences et Avenir et Science et Vie, vendus respectivement à plus de 206.200 et 163.000 exemplaires par mois en 2021, selon l'ACPM, l'organisme qui mesure l'audience de la presse.
Mais la crise du papier a "repoussé notre arrivée à la rentabilité", initialement prévue au milieu de l'année 2022, nuance la journaliste. Son coût est "passé de 600 euros la tonne à 1.450 euros", chaque numéro en nécessitant 30 tonnes.
Autre ombre au tableau, les poursuites engagées par Reworld Media, qui réclame près d'un million d'euros à Mathilde Fontez et Hervé Poirier, rédacteurs en chef d'Epsiloon, pour "diffamation", ainsi qu'à leur éditeur Unique Heritage Media (UHM) pour "concurrence déloyale et parasitisme".
Epsiloon a été lancé par une dizaine de journalistes partis pour la plupart en mars 2021 de Science et Vie pour préserver leur indépendance éditoriale.
Ils reprochaient notamment à Reworld Media, propriétaire du titre depuis 2019, d'avoir confié la gestion du site internet du magazine à des chargés de contenus non journalistes cumulant les erreurs, ainsi qu'un manque d'effectifs.
Autant d'éléments dénoncés à l'époque dans les médias par Mathilde Fontez et Hervé Poirier, anciens du magazine.
Dans le détail, Reworld leur réclame 320.000 euros chacun pour "diffamation" pour des propos tenus sur France Inter et Europe 1, et 320.000 euros, à eux et UHM, pour "concurrence déloyale et parasitisme", selon les assignations consultées par l'AFP.
Une médiation de "trois mois" s'est récemment achevée sans accord, Reworld "refusant d'enterrer la hache de guerre", a déploré Mathilde Fontez.
Contacté par l'AFP, Reworld n'a pas souhaité réagir.
Epsiloon emploie 14 personnes à temps plein, dont 8 en CDI.
(V.Sørensen--DTZ)