Euro-2024/France: derrière Mbappé, des attaquants en panne sèche
Aucun but marqué en deux matches: en dehors du cas très particulier de Kylian Mbappé, qui tente de se remettre de sa fracture du nez, les autres attaquants de l'équipe de France peinent à se distinguer et leur rendement est largement insuffisant à l'Euro-2024.
. Dembélé sans magie
Ousmane Dembélé est sans aucun doute la plus grande déception du secteur offensif. Celui qui a l'habitude de martyriser les défenses adverses par ses accélérations et ses crochets dévastateurs est trop timoré, incapable de mettre le feu sur son côté droit comme il sait si bien le faire sous le maillot du PSG.
Au-delà de son déchet dans le dernier geste, qui a toujours été sa marque de fabrique, "Dembouz" (27 ans, 46 sélections, 5 buts) a perdu cette faculté à provoquer et à faire des différences balle au pied, registre dans lequel le dribbleur est pourtant attendu en Allemagne.
Après deux prestations aussi ternes face à l'Autriche (1-0 le 17 juin) et aux Pays-Bas (0-0 le 21 juin), sa place de titulaire peut-elle être en danger ? Didier Deschamps dispose de deux alternatives avec Kingsley Coman (28 ans, 57 sélections, 8 buts) et Randal Kolo Muani (25 ans, 18 sélections, 4 buts).
Coman, qui a disputé vendredi les 21 dernières minutes de la rencontre contre les Oranje, revient à peine d'une longue blessure et a ressenti le lendemain du match une douleur au mollet. Même s'il est sur le papier le recours N.1 à droite, par son expérience et ses qualités dans les un-contre-un, son état physique interroge.
Kolo Muani, qui sort d'une première saison très compliquée au PSG, a plutôt été à son avantage lors de ses dernières apparitions en équipe de France à droite après avoir tant souffert dans le costume d'avant-centre juste après le Mondial-2022.
. Griezmann sans boussole
Vendredi face aux Néerlandais, Antoine Griezmann (33 ans, 131 sélections, 44 buts) a manqué deux énormes occasions, une maladresse qui résume bien une entame de tournoi trop discrète. Grand artisan du titre mondial en 2018, "Grizou" n'avait déjà pas assez pesé contre l'Autriche et son influence sur le jeu avait été trop limitée.
Depuis le début de la préparation, Deschamps l'a positionné plus près de l'attaquant de pointe, un rôle qui rappelle celui qu'il avait tenu à l'Euro-2016. Griezmann a-t-il perdu ses repères, lui qui avait évolué dans le coeur du jeu à partir du Mondial-2018?
"C'est frustrant mais rien d'alarmant, a-t-il déclaré vendredi. On doit s'améliorer offensivement et être plus tueur. Il y avait trois milieux donc pas besoin pour moi de revenir au centre pour créer le jeu. C'est un peu plus le style de mon poste à l'Atletico Madrid."
"Il n'a pas de position fixe", a de son côté expliqué le sélectionneur. "Il est entre milieu et joueur offensif. C'est quelqu'un de très généreux et cette générosité peut l’amener à avoir un peu moins de lucidité".
. Thuram sans saveur
On n'attendait pas forcément des miracles de la part du joueur de l'Inter Milan (26 ans, 22 sélections, 2 buts). Le fils de l'illustre Lilian Thuram n'est pas un buteur-né et sa technique, assez primaire, en fait plus un élément garant de l'équilibre de l'équipe plutôt qu'un attaquant capable de débloquer des situations à lui tout seul.
La générosité du tout frais champion d'Italie n'est pas en cause. L'ex-Guingampais sait bien qu'il est là avant tout pour se sacrifier pour le collectif. Une tâche ingrate qu'il assume parfaitement.
"À partir du moment où je suis sur le terrain, ça me plaît, je suis l'homme le plus heureux du monde, qu'importe le rôle que j'occupe", a-t-il confié avant l'Euro. "J'essaie de trouver une solution pour aider l'équipe et faire le maximum. Quand on est en équipe de France, on se met au service du groupe".
Il n'empêche, la question de son maintien dans le onze de départ pourrait se poser. D'autant plus si Kylian Mbappé est définitivement apte après sa fracture du nez et que Deschamps persévère dans le schéma tactique utilisé face aux Pays-Bas, un 4-4-2 avec Adrien Rabiot côté gauche.
(B.Izyumov--DTZ)