Basket: Limoges, rétrogradé, promet un partenaire mystère
La Ligue nationale de basket (LNB) a refusé mardi d'engager dans les championnats professionnels le Limoges CSP, club historique en grande difficultés financières, à l'issue d'une audition devant le gendarme financier lors de laquelle la propriétaire a promis l'arrivée d'un mystérieux partenaire.
"La maison CSP brûle et il est temps de sortir plus que les extincteurs, les lances à incendie", a déclaré à la presse le président de la LNB, Philippe Ausseur, face à la situation d'un club 11 fois champion de France et premier champion d'Europe français tous sports collectifs confondus (en 1993).
Le président de la Direction nationale du conseil et du contrôle de gestion (DNCCG) Patrick Hianasy venait de raconter l'audition, dans la matinée, de la propriétaire Céline Forte, accompagnée de son directeur commercial et gendre Guillaume Lanave.
A l'issue de celle-ci, l'instance a rétrogradé en amateurs le club pour avoir fait preuve de manière récurrente d'"insincérité" dans ses hypothèses budgétaires.
Le CSP, sanctionné mi-novembre d'un retrait de trois victoires au classement pour ces raisons -sanction ramenée en appel à deux victoires- a huit jours pour formuler un recours gracieux auprès de la DNCCG "en apportant de nouveaux éléments tangibles".
Si le gendarme financier maintenait sa position, le CSP pourrait alors se tourner vers la chambre d'appel de la Fédération, puis solliciter une conciliation auprès du Comité olympique français (CNOSF).
- Offre de reprise rejetée -
Cette décision semblait inéluctable depuis le rejet lundi par Céline Forte du seul projet de reprise connu, alors que la DNCCG la somme depuis plusieurs mois d'ouvrir le capital pour combler un déficit annuel d'un million d'euros.
Patrick Hianasy avait jugé le 16 mai que "la solution Lionel Peluhet", un cadre d'Intermarché prêt à injecter 1,2 million d'euros de sa poche et soutenu par les collectivités locales en froid avec l'équipe dirigeante, était "crédible" et surtout "la seule" pour reprendre les destinées du CSP.
Le rejet de cette offre a entraîné la démission, lundi, du président du directoire du CSP, Didier Jamot, qui avait sollicité M. Peluhet "à l'automne", quand il a "prévenu que la situation financière du club serait problématique sans arrivée d'argent".
"Je demande solennellement à Céline d'accepter l'offre de Lionel pour sauver le club", a également déclaré M. Jamot par téléphone à l'AFP. "C'est la seule offre, et le seul projet qui étaient sur la table. Sans cela, le Limoges CSP sera rétrogradé et il faudra des années et des années pour retrouver l'Elite".
Dans un communiqué commun, la ville de Limoges, la métropole, le département de Haute-Vienne et la région Nouvelle-Aquitaine appellent également Mme Forte à valider le projet de M. Peluhet, "le seul abouti susceptible de sauver le club".
- 5 millions via Hong Kong? -
A la place, Céline Forte a présenté mardi, selon M. Hianasy, un "ordre de virement d'un montant de 5 millions dollars" effectué le "10 mai" par un nouveau partenaire, mais "toujours pas arrivé dans les comptes du club".
Selon elle, les fonds doivent être versés le 4 juin, soit avant l'écoulement du délai de huit jours pour formuler un recours gracieux devant la DNCCG.
Le président de l'instance a appelé le numéro, domicilié à Hong Kong, figurant sur l'en-tête de l'ordre de virement présenté: "réponse de la personne au bout du fil: +la société et la personne sont inconnus au bataillon+."
"C'est la première fois que je vois ça, que je vis ça depuis fin 2018 que je suis membre de la DNCCG", a déclaré Patrick Hianasy.
"On n'a pas été pris au sérieux, et ce n'est peut-être pas la première fois, d'où la phrase de l'insincérité récurrente", a-t-il répondu.
Le club de supporters des Ultras Greens Limoges 2012 a pour sa part dénoncé, dans un communiqué, la "vanité" et l'"avidité" du "clan Forte", qui a "préféré tuer le club plutôt que le céder".
Le CSP avait connu un dépôt de bilan il y a 20 ans après une relégation administrative en ProB, en 2000, à la suite de dérives en matière de gestion.
Revenu lentement au premier plan pour reconquérir deux titres de champion de France en 2014 et 2015, le club est devenu l'objet de conflits de personnes et de gouvernance depuis le décès, en 2017, de son ancien président Frédéric Forte, l'époux de Céline Forte.
(A.Stefanowych--DTZ)