Monte-Carlo: Sinner, une terre à apprivoiser
"Sans conteste le meilleur", selon Djokovic, "un très grand joueur" dixit Alcaraz: Jannik Sinner, ce sont ses adversaires qui en parlent le mieux car l'Italien, phénoménal depuis le début de saison, est prudent en abordant la saison sur terre battue, la surface qui lui réussit le moins.
Depuis le début de la saison, l'Italien de 22 ans n'a perdu qu'un match -la demi-finale d'Indian Wells contre Carlos Alcaraz- sur les 23 joués et ainsi remporté l'Open d'Australie, Rotterdam et le Masters 1000 de Miami.
Mais à Monte-Carlo, il fait plutôt profil bas.
"Mes attentes ne sont pas très élevées en ce début de saison sur terre", assure-t-il dimanche, considérant cette semaine monégasque comme "une semaine d'entraînement" en vue de Roland-Garros.
Car le N.2 mondial reconnaît être en délicatesse avec la brique pilée qu'il compte toutefois bien "apprivoiser".
"Je suis confiant d'être capable de bien jouer sur terre aussi. De 14 à 20 ans, je me suis beaucoup entraîné sur terre. Ensuite, après un peu moins", rappelle-t-il.
- Un seul titre sur terre -
Les statistiques confirment en tout point ses dires: sur les treize titres à son palmarès, il n'en a conquis qu'un seul sur terre (Umag en 2022), mais c'est à Roland-Garros qu'il a joué son premier quart de Grand Chelem, en 2020 à sa première participation, et il a également joué les quarts à Rome en 2022 et les demies à Monte-Carlo l'an dernier. Et il a remporté le seul affrontement sur terre avec Carlos Alcaraz à ce jour, en finale à Umag en 2022.
"C'est un très grand joueur sur gazon, dur ou terre. Il s'adapte très bien et à chaque fois qu'on s'affronte, quelle que soit la surface, on fait de grands matches. Je ne sais pas si la terre me réussira mieux qu'à lui ou non", estime l'Espagnol de 20 ans.
Si la puissance est devenue ces dernières années une arme très répandue chez les jeunes joueurs qui explosent au haut niveau, à commencer par Alcaraz, le longiligne Sinner est un joueur à mèche longue qui a pris plus de temps pour se hisser dans l'élite mais qui fait désormais énormément de dégâts sur le circuit.
"J'ai commencé la musculation il y a deux ans. Soulever de la fonte pendant la croissance c'est dangereux. Jeune, je n'étais pas aussi prêt physiquement que les autres joueurs de mon âge. Ils étaient toujours plus puissants que moi", explique le champion qui a abandonné le ski de haut niveau pour le tennis à l'âge de 13 ans.
- "Vraiment jouer" -
Il a alors quitté le village de Sesto-Val-Fiscalina dans les Alpes pour rejoindre l'Académie de Riccardo Piatti sur les rives de la Méditerranée.
Durant ses jeunes années, il a donc appris à "vraiment jouer au tennis" en développant sa coordination et en perfectionnant ses déplacements.
"Ca m'a beaucoup aidé à devenir le joueur que je suis aujourd'hui", affirme-t-il en précisant qu'il passe désormais lui aussi beaucoup de temps en salle, "parfois même plus que sur le court".
Son titre à Miami a permis à Sinner (2e) de doubler Alcaraz (3e) au classement ATP et de lorgner la place de N.1 mondial à laquelle s'accroche Djokovic.
"Jannik est sans conteste le meilleur joueur au monde jusque-là cette année", reconnaît sans difficulté le Serbe.
"La différence entre le Jannik de ces six derniers mois et celui d'avant, c'est que maintenant, il gagne les grands matches. On savait depuis toujours qu'il était capable de frapper la balle aussi bien en coup droit qu'en revers, à plat et fort, qu'il aimait être agressif et dicter le jeu. Il a continué à le faire, mais il le fait désormais en commettant moins d'erreurs", détaille le Djoker.
L'ancien champion italien Adriano Panatta va très loin lorsqu'il évoque son compatriote qui, estime-t-il, "a inventé un nouveau tennis" au point de ringardiser les plus sacrés des joueurs.
Djokovic, Federer, Nadal "font maintenant partie du passé", a asséné Panatta dans un récent podcast La Telefonata.
S'il négocie très bien les cinq tournois sur terre qui se présentent (Monte-Carlo, Barcelone, Madrid, Rome et Roland-Garros), Sinner peut en tout cas devenir N.1 mondial dans les semaines qui viennent.
(U.Kabuchyn--DTZ)