Six nations: les Bleus ont retenu la leçon
Après s'être cassé les dents sur l'Ecosse pendant deux ans, le XV de France s'est enfin imposé à Murrayfield. Mieux encore, il s'est dégagé samedi la route d'un premier Grand Chelem depuis 2010.
Désormais, les Bleus doivent battre le pays de Galles, tenant claudiquant, à Cardiff pour s'offrir un final en apothéose face à l'Angleterre, au Stade de France, le 19 mars.
Mais gare! Les hommes de Fabien Galthié se sont déjà retrouvés dans une telle situation: en 2020, ils avaient déjà remporté leurs trois premiers matches avant de se prendre les pieds dans le tapis lors de la 4e journée et de terminer le Tournoi à la 2e place.
A l'époque, le XV de France avait perdu tous ses espoirs de titre à Murrayfield, au terme d'un match (28-17) où rien n'était allé dans son sens: le talonneur Camille Chat avait dû déclarer forfait à la dernière minute, le troisième ligne François Cros avait reçu un carton jaune au bout de 4 minutes de jeu, l'ouvreur Romain Ntamack, commotionné, avait quitté le terrain peu après (8e) puis le pilier droit Mohamed Haouas (37e) avait écopé d'un carton rouge pour un coup de poing. Dans la foulée, la pandémie avait mis la compétition sur pause.
Deux ans plus tard, les Tricolores ont visiblement progressé, avec une expérience collective évidente, un peu plus de maturité également. Et un statut de favoris qu'ils assument désormais.
"Gagner le Tournoi, c'est un objectif depuis le début. Quand on attaque une compétition, c'est pour la remporter", a d'abord assuré le troisième ligne François Cros.
- "Prudents" -
"On va être très prudents. C'est notre première victoire à l'extérieur, c'est très bien mais il nous reste un autre match au pays de Galles, qui va être compliqué, avant la réception de l'Angleterre. On va avancer prudemment en continuant à travailler comme on le fait depuis le début et sans s'enflammer surtout. On a vécu un peu la même situation il y a deux ans et ça ne s'était pas bien passé. On ne veut pas reproduire ça", a ensuite tempéré le Toulousain.
Mais ces Bleus-là enchaînent les succès clés avec un certain brio: ils ont battu l'Australie (28-26) "Down Under" pour la première fois en 31 ans, dominé Gallois (27-23) et Irlandais (15-13) chez eux pour la première fois depuis 2010 et 2011 respectivement, fait vaciller les vice-champions du monde anglais avec une équipe bis (défaite 22-19 après prologation) ou assommé les légendaires All Blacks (40-25)...
De quoi ravir Fabien Galthié? "Dans le rugby international, il faut gagner les matches: on n'existe que par la victoire. Il faut gagner les matches, même d'un point. Chaque victoire compte. Chaque victoire est une pierre qu'on pose sur le mur que l'on cherche à construire depuis le début de ce mandat. Nos défaites nous apprennent aussi beaucoup: on a beaucoup appris de notre défaite ici il y a deux ans, ça nous a beaucoup servi", s'est félicité le sélectionneur.
Son équipe semble désormais armée pour gagner: à Murrayfield samedi, elle a étouffé les Ecossais. Elle dispose surtout de joueurs XXL, d'Antoine Dupont à Cyrille Baille en passant par Gaël Fickou ou Damian Penaud. Et d'un brin de chance aussi par moments, comme quand l'arrière Stuart Hogg lâche un ballon d'essai tout seul (38e). Les joueurs ont aussi réussi à surmonter un manque de réussite inhabituel de leur buteur Melvyn Jaminet (3/7). La marque des futurs champions?
Le centre de La Rochelle Jonathan Danty met le holà: "On se posera la question si on gagne au pays de Galles. On a encore un match à Cardiff, qui va nous permettre de rêver, éventuellement, à un Grand Chelem. On veut monter en puissance et, si ça nous amène à remporter le Grand Chelem, on ne s'en privera pas."
(B.Izyumov--DTZ)