Six nations: Marcus Smith redonne du piquant au XV de la Rose
Un vent d'air frais souffle sur l'équipe d'Angleterre de rugby porté par Marcus Smith, son ouvreur de 23 ans et 7 sélections seulement, qui porte déjà une partie des espoirs de sacre mondial en 2023 en France.
Contre le pays de Galles samedi, pour la 3e journée du Tournoi des six nations, le XV de la Rose comptera sur Smith pour conserver un espoir de victoire finale après avoir grillé son joker dès le premier match, lors de la défaite en Écosse (20-17).
Un revers très largement attribué par la presse à la sortie de Smith à la 62e minute, alors que l'Angleterre menait 17-10 grâce à 17 points de son numéro 10. Sans lui, les Anglais ont encaissé un 10-0 qui les a fait rentrer bredouilles d'Edimbourg.
Vivement critiqué, Eddie Jones s'était contenté de répondre: "On a un groupe de 23 joueurs et on avait le sentiment que George (Ford, son remplaçant) pouvait finir le boulot".
Contre l'Italie (33-0), il y a deux semaines, Smith a été élu homme du match avec 13 points, dont ceux du premier essai de la rencontre, en jouant 80 minutes.
Si son éclosion peut sembler soudaine, elle est pourtant attendue pratiquement depuis ses premiers pas en pro, à 18 ans et 200 jours, en septembre 2017.
- Les Fidjiens comme modèle -
Né aux Philippines, initié au rugby à sept ans quand sa famille a déménagé à Singapour avant de rejoindre l'Angleterre à 13 ans, Smith est un peu un ovni dans un rugby anglais parfois formaté.
"J'ai grandi en Asie, il faisait tout le temps beau et nos vies tournaient autour du sport, d'être ensemble et de s'amuser, principalement", a raconté récemment à Rugbyworld celui qui n'avait d'yeux que pour les compétitions de rugby à 7 à Hong-Kong.
"Je regardais les joueurs comme (les Fidjiens) William Ryder ou Waisale Serevi, ce type de joueurs qui font se lever les spectateurs en embrouillant les défenseurs. Cela me donnait envie d'apprendre ça (...) Je veux distraire le public et le faire se lever aussi", a-t-il également confié.
Il y est parvenu, notamment l'an dernier quand il a remporté le championnat d'Angleterre, un peu à la surprise générale, avec les Harlequins, leur attaque de feu (34 points par match de moyenne) et leurs scénarios improbables, comme la demi-finale remportée 43-36 à Bristol, après avoir été menés 28-0 (30e).
A ses intuitions offensives dignes du "french flair", Smith a su ajouter des nerfs d'acier au service d'un jeu au pied efficace, comme lorsqu'il a scellé la victoire anglaise face aux champions du monde sud-africains, lors des tests de novembre, d'une pénalité à la dernière minute (27-26).
- Un mentor nommé Jonny Wilkinson -
"C'est la chose la plus importante que j'ai eu à apprendre", a-t-il confirmé à Rugbyworld. "Lors de mon premier match avec les +Quins+, je n'ai pas tapé un seul ballon et on m'a sorti à la 65e, alors que la saison dernière, j'ai été le deuxième joueur à taper le plus de ballons".
En sélection, il profite des conseils d'un des plus grands joueurs anglais dans ce domaine, grâce aux visites fréquentes de Jonny Wilkinson.
"Il m'apprend beaucoup, pas que sur le rugby, pas que sur le jeu au pied, mais sur la façon de vivre sa vie, sur comment se comporter quand on a la pression, ou pas, quand les choses tournent en votre faveur, ou pas", a-t-il raconté il y a quelques jours à la presse.
Tout le monde salue d'ailleurs l'écoute et la volonté de progresser du jeune homme: "Il n'y a aucune limite au niveau qu'il pourrait atteindre", a même estimé Eddie Jones, "il pourrait être une joueur absolument phénoménal quand arrivera le Mondial".
Mais pour le moment "je vois toujours le rugby comme s'il s'agissait de jouer avec le Brighton College le samedi à l'école", assure Smith. "Le jour où je trouverai que c'est une corvée, ce sera le jour où je commencerai à décliner dans ma carrière, donc j'espère que ça n'arrivera jamais".
(U.Kabuchyn--DTZ)