La vice-présidente américaine dans une clinique pratiquant des avortements
La vice-présidente américaine Kamala Harris s'est rendue jeudi dans une clinique effectuant des avortements, une première selon la presse américaine dans un contexte où les démocrates veulent placer ce thème au centre de la campagne électorale.
"Nous nous devons d'être une nation qui fait confiance aux femmes", a déclaré Mme Harris, lors de sa visite dans une clinique du Planning familial de Saint-Paul, dans le Minnesota (nord), selon la Maison Blanche.
Les "attaques contre le droit individuel à prendre des décisions qui concernent son propre corps sont scandaleuses", a ajouté la colistière de Joe Biden pour l'élection présidentielle de novembre, qui mène depuis janvier une tournée nationale consacrée à la défense du droit à l'avortement.
Jamais un président ou vice-président n'avait jusqu'à présent visité une clinique pratiquant l'interruption volontaire de grossesse (IVG), selon les médias américains.
En amont du déplacement de la vice-présidente, la Maison Blanche avait affirmé qu'elle s'appliquerait à souligner l'impact des "interdictions extrêmes d'avorter" mises en place dans de nombreux Etats conservateurs depuis que la Cour suprême américaine est revenue, en juin 2022, sur la garantie fédérale de ce droit constitutionnel, laissant aux Etats le soin de légiférer en la matière.
Ce séisme a poussé, au total, une vingtaine d'Etats américains à interdire ou très sévèrement limiter les interruptions volontaires de grossesse.
- "Extrémistes" -
Près d'une vingtaine de militants anti-avortement ont manifesté dans la rue à l'extérieur de la clinique lors de la visite de Kamala Harris, avec des pancartes clamant notamment "l'avortement n'est pas un soin de santé".
Qualifiant les opposants au droit à l'avortement d'"extrémistes", la vice-présidente a rendu hommage aux employés de la clinique, qui ont selon elle "dédié leurs vies à la profession de fournir des soins de santé dans un lieu sûr, qui donne de la dignité aux gens".
Donald Trump, le candidat républicain pour l'élection présidentielle de novembre, s'est dit "fier" d'avoir contribué au revirement de jurisprudence de 2022, en nommant des juges conservateurs pendant sa présidence (2017-2021).
Kamala Harris, figure du camp Biden sur cette question, entend bien utiliser cette déclaration contre le magnat de 77 ans, lors de la campagne électorale.
L'avortement reste une ligne de fracture historique aux Etats-Unis, même si les sondages montrent qu'une majorité d'Américains sont aujourd'hui favorables à un droit à l'IVG.
Cela avait notamment permis à Joe Biden, catholique pratiquant mais ferme défenseur de ce droit, d'éviter une défaite cinglante face aux républicains lors des élections législatives de mi-mandat de l'automne 2022.
Le camp démocrate veut croire qu'il profitera du même élan en novembre lors de la présidentielle.
(Y.Leyard--DTZ)