L'Ile-de-France, "premier désert médical" selon des médecins libéraux
Les deux tiers de la population d'Ile-de-France vivent dans des zones sous-dotées en médecins généralistes, la région devenant "le premier désert médical de France métropolitaine", selon l'Union régionale (URPS) des médecins libéraux, qui dénonce "un risque vital engagé".
"Nous avions sonné l'alerte et maintenant on y est. Nous avons des risques de perte de chance pour les patients", a averti Valérie Briole, présidente de l'URPS Ile-de-France des médecins libéraux, une association constituée de 60 médecins libéraux élus par leurs pairs, lors d'une conférence de presse initiée par La Métropole du Grand Paris (MGP).
Se basant sur le prochain zonage de l'ARS île-de-France, ces médecins libéraux ont indiqué qu'actuellement 7,5 millions de Franciliens (62,4% de la population) vivaient dans un "désert médical", les zones les plus en tension, où l'insuffisance de l'offre de soins est la plus marquée, selon le classement des Agences régionales de santé (ARS). Ces zones ne couvraient que 37% du territoire en 2018.
Des chiffres auxquels s'ajoutent 4,2 millions d'habitants vivant en zone fragile (soit 33,9%) où "il n'y a également pas le nombre de médecins et de soignants nécessaires pour accéder correctement aux soins".
Conséquence: 1,7 million de patients se retrouvent "sans médecin traitant en IDF", "des services de garde ferment faute de médecins" et les centres d'appel manquent de médecins régulateurs.
Selon les chiffres de l'association, en 10 ans, la région a perdu 3.742 médecins libéraux dont 1.821 généralistes. Mais aussi 28% de ses dermatologues, 26% de ses gynécologues, 22% de ses ophtalmologues et de ses rhumatologues.
"C'est une catastrophe et ce n'est pas près de s'arranger", a dénoncé Valérie Briole, ajoutant qu'en Ile-de-France, un médecin sur deux avait plus de 60 ans et un sur quatre, plus de 65. "Cela donne une idée de la progression des déserts", a ajouté la rhumatologue.
"Pour contrecarrer cette hémorragie de médecins", l'URPS estime qu'il faudrait notamment augmenter les tarifs de consultation, ces derniers "étant parmi les plus bas d'Europe" afin de recréer de l'attractivité, élargir les critères d'aide financière à l'installation, et que soit mis en place un service de soutien économique, juridique, immobilier aux cabinets fragilisés.
Mais également multiplier, en Ile-de-France, les postes d'internes et les lieux de stages libéraux, former des gestionnaires de cabinet et exonérer de charges leur médecin employeur pour leur dégager du temps médical...
"Nous sommes devant une catastrophe sanitaire qui dépasse celle de la Covid", a estimé Ludovic Toro, président de la commission santé à la MGP, arguant qu'il fallait "maintenant réfléchir à la décentralisation en donnant aux soignants et aux élus une possibilité de décider du futur".
(O.Zhukova--DTZ)