A l'ombre de l'invasion russe, ultime débat à l'Assemblée sur la situation sanitaire
"Optimiste et confiant" mais sans "certitudes": le ministre de la Santé Olivier Véran a participé jeudi à l'Assemblée nationale à un ultime débat sur la gestion de la crise sanitaire du Covid-19, dans un climat dépassionné mais plombé par l'invasion russe en Ukraine.
Un "débat fondamental un peu décalé par rapport à la situation qui nous préoccupe tous", a résumé M. Véran, faisant référence "au bruit et aux images des missiles dans le ciel ukrainien".
Loin des échanges enflammés qui ont émaillé les examens des 12 textes d'urgence sanitaire, gouvernement et groupes politiques ont pu délivrer satisfécits ou griefs sur la gestion de l'épidémie de Covid-19. Celle-ci continue à refluer, avec tous les indicateurs sanitaires à la baisse, ce qui laisse espérer pour le gouvernement une levée du pass vaccinal à la mi-mars.
M. Véran a rendu hommage aux 137.000 morts mais aussi aux soignants, "hussards blancs" de la République, faisant le bilan en défense de l'action de l'exécutif, alors que celui-ci a commencé la "levée progressive des mesures de freinage" de l'épidémie.
Contre "les Cassandre", plus de 54 millions de Français ont reçu au moins une dose de vaccin, a-t-il souligné.
"Nous ne devons pas lever les bras trop tôt avant la ligne d’arrivée", a-t-il cependant mis en garde. "Nous sommes optimistes et confiants mais (il n'y a) pas de certitudes".
Constats radicalement différents pour LR et LFI.
"L'état de droit a été bousculé" avec des restrictions importantes de libertés, a fustigé Philippe Gosselin (LR).
"Les circonstances ne peuvent absoudre votre politique depuis deux ans", a critiqué Mathilde Panot, cheffe de file des députés LFI, tirant à boulets rouges sur l'action gouvernementale mais aussi sur le pass vaccinal, "fantaisie autoritaire".
Seul coup de chaud lors de cette succession de discours, la présidente LREM de la commission des Lois Yaël Braun-Pivet s'est élevée contre Mme Panot qui a accusé les députés de "cirer les pompes des ministres".
"Une honte, un scandale", a fustigé Mme Braun-Pivet.
Sur le fond, "il reviendra aux parlementaires de réfléchir sur des régimes d'urgence qui pourraient s'appliquer dans l'avenir", a-t-elle plaidé en envisageant "une constitutionnalisation des états d'urgence pour mieux les encadrer".
Figure des covido-sceptiques, la députée non-inscrite Martine Wonner (ex-LREM) a une nouvelle fois attaqué la politique gouvernementale, imputant aux vaccins des "conséquences délétères" sur la santé: "fausses couches", "cancers multiples", "maladie de Creutzfeld Jacob" ou "sida", en écho aux allégations de la sphère des anti-vaccins.
M. Véran a rétorqué en critiquant un "délire complotiste" qui n’a "pas sa place dans l’hémicycle".
"Le vaccin ne donnera jamais le sida ou Creutzfeld-Jacob", a martelé le ministre.
"Chacun ici est couvert par l'immunité parlementaire" mais "parfois les mandats s'arrêtent un jour" et ceux qui tiennent ces propos "seront susceptibles de rendre compte devant la justice", a-t-il déclaré, visant explicitement la députée Wonner.
(L.Svenson--DTZ)