Les prix de l'énergie remettent la pression sur l'inflation au Royaume-Uni
Après un plus bas en trois ans en septembre, l'inflation britannique est repartie à la hausse en octobre, tirée par une montée des prix de l'énergie qui inquiète les ménages les plus modestes à l'approche de l'hiver.
Cet indicateur s'est hissé à 2,3% sur un an le mois dernier, davantage que les attentes des économistes. L'inflation, qui était tombée à 1,7% le mois précédent, retrouve un niveau qui n'avait plus été vu depuis avril, selon les données publiées mercredi par l'Office national des statistiques (ONS).
Les hausses de prix ont été alimentées le mois dernier par l'augmentation du plafond de l'énergie qui "a entraîné une hausse des coûts du gaz et de l'électricité" dans le pays, a expliqué sur le réseau social X Grant Fitzner, chef économiste à l'ONS.
Les factures d'énergie au Royaume-Uni, qui avaient baissé depuis les sommets atteints après le début de la guerre en Ukraine, sont en effet reparties à la hausse en octobre: l'Ofgem, régulateur du secteur, a augmenté de 10% la facture de gaz et électricité plafonnée pour un ménage moyen.
Le régulateur fixe chaque trimestre ce plafond censé prendre en compte les évolutions sur les marchés internationaux et garantir le prix le plus adapté à la fois pour les fournisseurs et les consommateurs.
Il doit annoncer vendredi le nouveau plafond qui s'appliquera à partir de janvier - qui devrait encore légèrement augmenter, selon les estimations de la société de conseil en énergie Cornwall Insight.
"La vague de froid actuelle a déjà des conséquences dévastatrices sur les personnes les plus vulnérables" avec "des factures d'énergie inabordables et beaucoup moins d'aides disponibles à l'échelle nationale cet hiver", avait prévenu lundi l'association de lutte contre la pauvreté énergétique NEA.
- "Coût de la vie" -
"Nous savons que les familles à travers (le pays) ont encore du mal à faire face au coût de la vie", a réagi dans un communiqué Darren Jones, secrétaire en chef du Trésor britannique.
Le budget présenté fin octobre par le gouvernement, fait de hausses d'impôts colossales (notamment des cotisations patronales) et d'emprunts exceptionnels, prévoit aussi "d'augmenter le salaire minimum, de geler les taxes sur les carburants" tout en évitant "d'alourdir les impôts pour les gens qui travaillent", a-t-il assuré.
Les augmentations de salaires dans le secteur public et celle du salaire minimum "devraient contribuer à atténuer les effets immédiats de la hausse des prix pour certains", reconnaît Sarah Coles, analyste chez Hargreaves Lansdown.
Mais ces hausses de salaires "pourraient finir par alimenter des prix plus élevés à long terme, ce qui déclencherait une nouvelle vague d'inflation", prévient-elle.
De manière générale, les économistes pensent que l'inflation continuera d'augmenter à court terme, restant au dessus de l'objectif de 2% visé par la Banque d'Angleterre (BoE).
Les Britanniques ont subi de plein fouet une inflation très élevée ces dernières années, culminant à 11,1% en octobre 2022 avant de redescendre régulièrement depuis.
La BoE avait relevé son taux directeur depuis fin 2021 pour lutter contre cette envolée des prix, ce qui s'est traduit pour les particuliers comme les entreprises britanniques par des coûts du crédit plus chers (notamment les crédits immobiliers).
Face à la descente de l'inflation, elle a déjà abaissé deux fois son taux depuis le début de l'année, mais le rebond d'octobre "plaidera en faveur de la prudence de la Banque d'Angleterre" pour de futures hausses de taux, selon Ruth Gregory, analyste chez Capital Economics.
(O.Zhukova--DTZ)