Pérou: Biden et Xi au sommet des pays du Pacifique dans l'ombre de Trump
Le président américain Joe Biden s'est joint vendredi aux autres dirigeants des pays de la région Asie-Pacifique réunis en sommet à Lima pour un échange informel, avant un tête-à-tête samedi avec son homologue Xi Jinping dans l'ombre du retour de Donald Trump à la Maison Blanche.
Les dirigeants des deux superpuissances participent au sommet de la Coopération économique pour l'Asie-Pacifique (Apec), qui rassemble 21 pays réalisant 60% du PIB mondial.
Le sommet s'est ouvert avec une réunion informelle entre chefs d'État et de gouvernement en l'absence du président chinois, arrivé jeudi dans la capitale péruvienne comme son homologue américain et d'autres dirigeants, dont le président chilien Gabriel Boric et le Premier ministre canadien Justin Trudeau.
"Il est essentiel de renforcer la coopération économique entre les économies de l'Apec", a plaidé la présidente péruvienne Dina Boluarte, estimant que l'association pouvait renforcer "la coopération multilatérale dans un contexte où les différents défis auxquels nous sommes confrontés augmentent les niveaux d'incertitude pour l'avenir".
L'Apec vise depuis 1989 à promouvoir la croissance économique, la coopération et les investissements dans la région du Pacifique. Parmi ses membres on trouve également le Japon, la Corée du Sud, l'Indonésie, l'Australie, le Mexique et la Russie.
La rencontre samedi entre Joe Biden et Xi Jinping sera la troisième entre les deux présidents, et la deuxième en un peu plus d'un an. Tous deux se rendront ensuite au G20 au Brésil.
Elle sera cruciale, tant les relations entre les deux pays ont été tendues ces dernières années, en raison de différends commerciaux, mais aussi du statut de Taïwan, de questions relatives aux droits humains et de la rivalité technologique.
- "En suspens" -
Le mandat de Joe Biden a ainsi été marqué par de fortes tensions avec Pékin mais aussi par le maintien, tant bien que mal, du dialogue bilatéral.
Mais le démocrate de 81 ans laissera les commandes en janvier au républicain Donald Trump, qui a déjà nommé dans son équipe des tenants d'une ligne dure face à Pékin et fait craindre de nouvelles guerres commerciales avec la Chine.
Pendant sa campagne, le magnat a promis de protéger l'industrie américaine, menaçant d'imposer des droits de douane de 10 à 20% sur tous les produits importés et même de 60% pour ceux provenant de Chine.
Les annonces de M. Trump "ont mis l'alliance Asie-Pacifique en suspens", a estimé auprès de l'AFP Jorge Heine, ancien ambassadeur du Chili en Chine, n'excluant pas que Donald Trump retire les États-Unis de l'association, comme il l'avait fait en 2017 en se retirant du Partenariat transpacifique (TPP), qui visait à créer un puissant bloc économique.
"Nous vivons une période difficile dans les relations entre la Chine et les États-Unis", a ajoute ce professeur de relations internationales à l'université de Boston.
Lors de son premier mandat (2017-2021), Donald Trump avait profondément perturbé les relations économiques avec la Chine en lançant une guerre commerciale pour forcer Pékin à acheter des produits américains et rééquilibrer une balance commerciale déficitaire.
Au lendemain de la victoire du républicain le 5 novembre, le président chinois avait appelé à une relation sino-américaine "stable, saine et durable (...) conforme aux intérêts communs des deux pays".
M. Biden rencontrera vendredi ensemble le Premier ministre japonais Shigeru Ishiba et le président sud-coréen Yoon Suk Yeol, deux de ses alliés clés en Asie.
Jeudi, le président Xi Jinping a inauguré avec son homologue péruvienne Dina Boluarte le nouveau mégaport de Chancay, situé au nord de Lima, le premier financé par la Chine en Amérique du Sud, pour 3,5 milliards de dollars.
Le terminal en eau profonde, qui sera doté de 15 quais à terme, illustre l'influence croissante du géant asiatique en Amérique latine, autrefois considérée comme le domaine des États-Unis.
Plus de 13.000 policiers ont été déployés dans la capitale de 10 millions d'habitants pour renforcer la sécurité pendant le sommet, tandis que des manifestations sont organisées depuis mercredi pour dénoncer une hausse des extorsions et des meurtres liés au crime organisé.
(O.Tatarinov--DTZ)