Industrie: "L'Europe ne peut pas être le seul marché ouvert", prévient Séjourné
L'Europe est prête à défendre son industrie contre les pratiques déloyales de pays étrangers, a averti mardi le nouveau commissaire européen Stéphane Séjourné, lors d'une visite à l'aciérie d'ArcelorMittal à Gand (nord-ouest de la Belgique).
"On ne peut pas être le seul marché ouvert. Je le dis aux Américains: s'ils veulent avoir accès au marché européen, il faudra qu'on ait accès au marché américain", a déclaré à l'AFP le responsable français, interrogé sur la menace de droits de douane brandie par le président élu Donald Trump.
Ce déplacement dans une usine sidérurgique, moins de 48 heures après sa prise de fonction, marque la priorité donnée à la compétitivité économique par le nouvel exécutif européen.
Cette visite est "plus que symbolique, puisque la Commission travaille depuis des semaines sur un plan pour l'industrie de l'acier", a expliqué Stéphane Séjourné, portant gilet réfléchissant et casque de sécurité devant un haut fourneau.
"L'acier est une industrie clé pour l'Europe", sans laquelle on ne produit ni voitures, ni éoliennes, a-t-il martelé sur ce site qui emploie 5.000 personnes.
La filière sidérurgique européenne est en difficulté, plombée par la concurrence chinoise et embarquée dans une transition écologique coûteuse. Elle souffre également d'une énergie plus chère que chez ses concurrents américains ou asiatiques.
"On doit pouvoir produire en Europe", a souligné le commissaire à la Stratégie industrielle. Il faut "protéger" l'acier européen contre "les surcapacités mondiales généralement subventionnées par les Etats", a-t-il dit, tout en plaidant pour des aides afin de "décarboner l'ensemble des aciéries en Europe".
"L'acier produit en Europe est un acier de bonne qualité, un acier qui va se décarboner, un acier vert. Il faudra trouver des débouchés à la filière et donc inciter toutes nos entreprises à utiliser de l'acier produit en Europe", a-t-il ajouté, tout en promettant de travailler à faire baisser les prix de l'énergie, "notamment de l'électricité".
Soutenir l'industrie n'est "pas contradictoire avec les objectifs pour l'environnement, au contraire", a estimé l'Espagnole Teresa Ribera, commissaire à la Transition écologique et à la Concurrence, également présente à Gand mardi.
Elle a averti que les Européens répliqueraient à d'éventuelles mesures commerciales hostiles, y compris de la part des Américains. "On préfère des relations pacifiques et des coopérations à des relations conflictuelles, mais on est prêt à défendre nos valeurs et nos intérêts", a-t-elle affirmé.
La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a érigé la compétitivité économique en priorité. Elle a promis de mettre sur la table un "pacte pour une industrie propre" durant les 100 premiers jours de son mandat.
(L.Møller--DTZ)