Evacuations toujours en cours dans le Pas-de-Calais, malgré l'accalmie
Le Pas-de-Calais, toujours sous l'eau, profite enfin samedi d'une journée sans intempéries, qui permet d'observer l'amorce d'une décrue, mais les évacuations se poursuivent, y compris dans des secteurs jusque-là épargnés par les inondations.
Un total de "247 communes sont toujours concernées par les inondations", parfois dans des conditions dramatiques, en particulier autour de Saint-Omer, Boulogne, et Montreuil, selon un bilan à midi de la préfecture du Pas-de-Calais.
L'eau, toujours abondante, continue d'envahir des étables, de prendre au piège des véhicules, et a contraint nombre d'habitants à quitter leurs domiciles. Plusieurs évacuations ont été menées dans la nuit dans des communes du Montreuillois et de l'Audomarois, selon la préfecture, notamment à Blendecques (85 personnes évacuées) et Wavran-sur-l'Aa (45 personnes).
A La Calotterie, dans le Montreuillois, la sécurité civile et les pompiers continuaient samedi matin à évacuer des riverains qui avaient jusqu'à présent échappé aux inondations, à l'aide de 4x4 ou d'embarcations pneumatiques, a constaté un journaliste de l'AFP.
Selon la Croix-Rouge, douze centres d’hébergements sont actuellement ouverts dans le département, déjà affecté par la tempête Ciaran le 2 novembre, des crues records mardi et des pluies intenses jeudi et vendredi.
- "Les habitants sont fatigués" -
"Un soutien psychologique est mis en place", a déclaré à l’AFP Fabienne Berquier, présidente de l'association dans le Pas-de-Calais. "Les habitants sont fatigués."
Seule l'Aa, rivière sur laquelle un pic est encore attendu dans la journée, a été maintenue en vigilance rouge samedi par Vigicrues. La Liane et la Canche, à l'origine d'inondations depuis plusieurs jours, sont elles repassées en vigilance orange.
Mais malgré cette parenthèse du week-end, le ministre de la Transition écologique Christophe Béchu a déjà fait part de ses "inquiétudes" sur un nouvel épisode pluvieux en début de semaine prochaine.
La population "se demande quand ça va s'arrêter et nous aussi", soupire Bruno Debove, conseiller municipal d'Hesdigneul-lès-Boulogne, commune qui s'est retrouvée à plusieurs reprises isolée par les eaux et où 15 personnes ont encore dû être évacuées par hélicoptère vendredi.
Les yeux rougis par la fatigue, il s'inquiète pour "les gens qui sont sinistrés, la crise et l'après-crise, qui va être très compliquée".
Le bilan est de quatre blessés légers depuis lundi dans la zone, où sont engagés 700 personnels de la sécurité civile.
- 1.683 interventions -
Les sapeurs pompiers ont effectué 1.683 interventions et 940 évacuations depuis le 2 novembre.
Cinq pompes de très grande capacité, capables de vider chacune une piscine olympique en 15 minutes, ont été déployées pour tenter de limiter les crues.
A Hesdigneul-lès-Boulogne, des habitants ont circulé vendredi en pantalon-bottes de pêcheurs, dans l'eau brunâtre jusqu'au genou. "C’est exceptionnel", a estimé Bernard Brécqueville, un habitant. "Depuis 52 ans que je suis ici, ça n’a jamais monté aussi haut."
Le trafic ferroviaire est interrompu sur deux tronçons (Boulogne-Etaples et Saint-Pol-Etaples) jusqu'à mardi "dans la matinée", a indiqué la SNCF sur X (ex-Twitter). Environ 130 axes routiers sont coupés samedi, selon la préfecture.
La protection civile du Pas-de-Calais a lancé un appel aux dons et mis en place un numéro (03.74.20.03.07) "pour mettre en lien" les sinistrés ayant besoin d'aide pour le déblayage de leur maison avec ceux prêts à les aider.
Plus de 50 communes ont déposé un dossier pour être reconnues en catastrophe naturelle, une décision attendue mardi.
S'ils constituent des phénomènes naturels, les inondations, cyclones et sécheresses peuvent être amplifiés par le réchauffement climatique généré par les activités humaines.
Les inondations sont des catastrophes particulièrement coûteuses: entre 1970 et 2019, elles ont représenté 44% de toutes les catastrophes et 31% des pertes économiques.
(O.Tatarinov--DTZ)