Le Mexique mobilisé pour secourir Acapulco dévastée par l'ouragan Otis
Le Mexique se mobilise jeudi pour venir au secours d'Acapulco, dévastée et coupée du monde après le passage de l'ouragan Otis, avec des habitants désespérés et des touristes bloqués dans la légendaire station balnéaire du Sud-Ouest du pays.
"Nous allons tenter d'ouvrir (les chemins) le plus vite possible", a déclaré aux journalistes Andrés Manuel López Obrador, en se rendant mercredi soir avec plusieurs ministres à Acapulco où il a dû achever son voyage à pied dans la boue. Aucun bilan des dégâts ou d'éventuelles victimes n'était encore disponible.
"Nous allons apporter des équipements", avait-il promis auparavant. "L'armée apporte des machines, des équipements de communication et de transport et nous allons tenter de rouvrir l'autoroute (entre Mexico et Acapulco, ndlr) le plus vite possible".
"Le plus important est de s'occuper des populations affectées. Nous n'avons toujours pas d'évaluations des dégâts, parce qu'il n'y a pas de communications", a déclaré la coordinatrice nationale de la Protection civile Laura Velazquez à la chaîne de télévision Milenio.
L'ouragan de force 5 --plus haute catégorie sur l'échelle de Saffir-Simpson-- a touché terre tôt mercredi à 06H00 GMT --peu après mardi minuit heure locale-- avec des rafales de vent jusqu'à 315 km/h selon le gouvernement. Il s'était formé en quelques heures au large de la côte Pacifique.
"Acapulco s'est effondré", a assuré à l'AFP Eric Hernandez, 24 ans, qui regagnait à pied son village voisin après avoir accompagné un proche dans une clinique où il se trouvait au moment de l'impact de l'ouragan. "Les magasins ont tous été pillés, les gens se battaient pour les objets".
Selon d'autres témoignages, un cours d'eau en crue et des ponts effondrés isolent des communautés près d'Acapulco. "Beaucoup de gens sont restés coincés de l'autre côté dans notre village, la crue était forte", a raconté Israel Perez, un boulanger de 21 ans. "Les gens se retrouvent sans-abri, il n'y a pas d'électricité".
L'ouragan a également touché touristes et visiteurs qui ne peuvent ni sortir, ni appeler leurs proches.
"Pourvu que quelqu'un de ma famille me voit pour qu'ils sachent que je vais bien", a déclaré une touriste mexicaine, Nely Palacios, à la chaîne Televisa.
-- Barricades de fortune --
Les touristes ont utilisé matelas et lits pour se protéger dans leurs hôtels après le bris des fenêtres. "Nous nous sommes protégés avec des barricades faites par des enfants, des femmes, des hommes", a-t-elle poursuivi, "beaucoup ont été blessés par des débris de verre".
Les premières images montraient des hôtels de luxe et des centres commerciaux réduits à leur structure de ciment, ainsi que des scènes de pillages.
Les vitres des fenêtres de l'emblématique hôtel Princess ont volé en éclats et l'édifice est partiellement détruit, d'après une vidéo circulant sur les réseaux sociaux.
"Les dégâts matériels sont dévastateurs. Nous n'avons pas d'eau, nous n'avons pas de lumière, mais nous sommes sains et saufs", a déclaré à Televisa l'administratrice d'une résidence pour touristes, Citlali Portillo. "L'immeuble bougeait comme s'il s'agissait d'un tremblement de terre!".
La Commission fédérale d'électricité (CFE, publique) a indiqué avoir rétabli mercredi le courant pour 40% des 504.000 usagers touchés dans la région d'Acapulco.
Après avoir touché terre, l'ouragan s'est comme prévu affaibli en progressant dans l'arrière-pays. Mais de forts pluies persistaient dans les Etats de Guerrero, où est situé Acapulco, et d'Oaxaca, deux des plus pauvres du pays.
- Paulina, Norma, Patricia, Ingrid... -
Le 9 octobre 1997, Acapulco avait été frappée par l'ouragan Paulina, provoquant la mort de plus de 200 personnes et l'une des catastrophes naturelles les plus graves du pays, hors tremblement de terre.
La semaine dernière, Norma a fait trois morts un peu plus au nord, dans l'Etat du Sinaloa.
Ouvert sur le Pacifique et le golfe du Mexique, le Mexique est exposé aux ouragans pendant la saison qui va de mai à octobre-novembre.
Avec le réchauffement de la surface des océans, la fréquence des cyclones (ou ouragans ou typhons selon les régions) les plus intenses augmente.
Selon le Groupe international des experts du climat (Giec), la proportion de cyclones particulièrement intenses (de catégorie 4 et 5) devrait augmenter de 10% par rapport à l'ère pré-industrielle avec un réchauffement de +1,5 °C.
Avec l’augmentation du niveau de la mer et des phénomènes de submersions marines, plus d'un milliard de personnes vivront dans des villes côtières à risque d'ici 2050, selon le Giec.
(L.Barsayjeva--DTZ)