Ouverture du sommet de l'élevage, avec des professionnels de la viande sous tension
Le sommet de l'élevage, plus grand salon du genre en Europe, ouvre ses portes mardi à Cournon d'Auvergne (Puy-de-Dôme), sous forte pression des professionnels de la viande bovine dans un contexte de déclin de la production française.
Près du quart des vaches attendues - soit environ 200 bêtes - ne seront toutefois pas au rendez-vous de cette 32e édition en raison des mesures liées à la maladie hémorragique épizootique (MHE), a indiqué à l'AFP le commissaire général du sommet Fabrice Berthon.
La MHE, qui affecte principalement les bovins, s'étend désormais à 19 foyers, ce qui a rendu obligatoires les tests pour tous les animaux quittant une vaste zone de surveillance du sud-ouest de la France.
Conséquence: des races comme la Gasconne ou la Blonde d'Aquitaine seront absentes mais "cela n'aura pas d'impact sur le nombre de visiteurs", assure M. Berthon, ajoutant que les concours nationaux affichent complets.
A la veille de cette grand-messe qui réunit 1.640 exposants et plus de 100.000 visiteurs, l'interprofession de la viande bovine Interbev a demandé au gouvernement de s'engager dans un "plan souveraineté pour un élevage et une viande bovine durables".
"La filière bovine française a besoin d'une stratégie claire, cohérente et d'un soutien affirmé des pouvoirs publics", insistent ces professionnels.
Le ministre de l'Agriculture et de la Souveraineté alimentaire Marc Fesneau est attendu dès mardi matin pour l'ouverture du salon qui se veut une "vitrine" de l'agriculture de demain.
Régulièrement pointé du doigt pour ses émissions de gaz à effets de serre, le monde de l'élevage souhaite mettre en avant les efforts entrepris en matière de transition énergétique et d'agriculture durable.
L'événement qui accueille l'élite des cheptels français veut aussi défendre le modèle extensif des exploitations du Massif central qui lui sert d'écrin.
"Préserver les ressources naturelles, réduire l'impact environnemental et garantir une production alimentaire à long terme sont les enjeux majeurs de l'agriculture de demain", explique M. Berthon.
Un hall entier sera consacré aux exposants spécialisés dans la transformation à la ferme et la transition énergétique, alors que les agriculteurs ont pâti des variations des cours de l'énergie liées à la guerre en Ukraine.
-"Stratégie de réduction" -
Dix départements auront un stand pour "porter le message que l'élevage est une composante essentielle à la vie de ces territoires", selon M. Berthon, alors que la Cour des comptes a recommandé en mai de "définir une stratégie de réduction" du nombre de vaches élevées en France pour diminuer les émissions de gaz à effet de serre.
Les vaches émettent naturellement, en rotant, du méthane au cours de leur digestion, ce qui alourdit considérablement le bilan carbone de l'agriculture française.
"L'élevage bovin français n'est pas un problème, mais une solution pour l'environnement et le climat", via le maintien des prairies qui captent du carbone, affirme Interbev.
Pour baisser les émissions de la France, le gouvernement prône surtout un régime alimentaire "moins émissif" avec "plus de végétaux (légumes et légumineuses), moins de viande, mais de meilleure qualité et produite en France, des produits plus locaux et de saison".
Cette stratégie ne prévoit pas d'accélérer la réduction des troupeaux, mais compte sur la poursuite de la baisse du nombre de têtes du fait des arrêts d'activité d'éleveurs.
Le sommet sera aussi aussi politique avec les visites annoncées du leader du PCF Fabien Roussel, du président du Rassemblement national Jordan Bardella, de Marion Maréchal, tête de liste du parti d'Eric Zemmour aux prochaines élections européennes, mais aussi du président LR de la région Auvergne-Rhône-Alpes Laurent Wauquiez qui nourrit des ambitions présidentielles pour 2027.
Les organisateurs espèrent atteindre cette année la barre des 110.000 visiteurs venus du monde entier (Europe, Afrique, Asie, Amérique du Sud).
La dimension internationale du sommet se confirme avec la présence de 315 exposants de 32 pays différents avec, au-delà de l'Europe, le Nigéria, le Kenya, l'Equateur, l'Ouzbékistan, la Chine ou le Mexique.
La Géorgie, pays doté de plaines et de hautes montagnes aux verts pâturages où l'élevage de ruminants est une tradition ancestrale, est à l'honneur cette année.
(G.Khurtin--DTZ)