Deutsche Tageszeitung - Dans le Colorado, enfin de l'eau en abondance pour les amateurs de rafting

Dans le Colorado, enfin de l'eau en abondance pour les amateurs de rafting


Dans le Colorado, enfin de l'eau en abondance pour les amateurs de rafting
Dans le Colorado, enfin de l'eau en abondance pour les amateurs de rafting / Photo: © AFP

"La rivière a doublé de volume en trois jours", montre Corey Coker sur la rive, au pied des montagnes Rocheuses du Colorado, poussant l'un de ses rafts sur un cours d'eau s'écoulant tranquillement, après des années plus sèches.

Taille du texte:

Un hiver humide dans l'Ouest américain a déposé un épais manteau neigeux en altitude et sa fonte lente promet une saison magnifique aux amateurs d'eaux vives et aux professionnels.

Cette ressource en abondance ravit Corey Coker, qui embarque des touristes sur la rivière Arkansas depuis plus de 10 ans.

"Ca n'a pas l'air trop terrible ici", relève-t-il en référence au débit calme de la rivière à cet endroit, "mais quand vous êtes plus bas vers les rapides, ce niveau d'eau rend la chose beaucoup plus impressionnante".

Lorsque la vallée se resserre, le flot accélère et ce qui ressemblait à un long fleuve tranquille se transforme en torrent de montagne.

L'instructeur crie ses directives à son équipage de touristes, agrippés au gros radeau gonflable, par-dessus le brouhaha des turbulences aquatiques, pour les faire pagayer tantôt vers l'avant tantôt vers l'arrière afin d'éviter tel rocher ou passer au-dessus d'un autre.

Chaque franchissement de rapides est l'occasion pour les rameurs d'être aspergés de plein fouet par une eau glaciale, rappelant qu'elle n'était peut-être encore que de la neige quelques heures auparavant, comme celle recouvrant des sommets visibles au loin.

"C'est une très bonne année pour l'eau, pas d'inquiétude à ce propos", confirme Mark Hammer, patron de The Adventure Company à Buena Vista, bourg au pied des Rocheuses. Le niveau "ne devrait pas monter trop haut et devrait nous permettre d'avoir une très longue saison" de rafting, se satisfait-il.

- Une bonne année -

Plusieurs années de chutes de neige en-dessous de la normale dans l'Ouest américain, conséquences d'une longue période de sécheresses accentuée par le changement climatique, avaient laissé les rivières de la région à des niveaux particulièrement bas.

Le fleuve Colorado, qui descend des Rocheuses vers le golfe de Californie, n'avait pas été épargné et son débit s'était réduit depuis plusieurs années.

En 2022, le niveau du gigantesque lac artificiel Mead est tombé à seulement un quart de sa capacité, faisant craindre un assèchement en aval et un arrêt de la production hydro-électrique.

Mais l'hiver 2022-2023 a été marqué par de très fortes précipitations, provoquant des inondations en Californie et d'importantes chutes de neige en montagne.

Pour les scientifiques qui observent ce manteau neigeux --réserve cruciale d'eau pour de nombreuses régions du pays--, 2023 est un bon cru.

L'Agence nationale océanique et atmosphérique (NOAA) "observe des chiffres très impressionnants" concernant l'eau de fonte dans le bassin-versant du fleuve Colorado, relève Paul Miller, hydrologue dans cette institution fédérale.

A l'est des Rocheuses, les chiffres ne sont pas aussi élevés mais atteignent néanmoins un bon niveau.

C'est notamment le cas de la rivière Arkansas, qui prend sa source au-dessus de Buena Vista et qui se jette 2.400 kilomètres plus loin dans le Mississippi, après avoir traversé les grandes plaines du centre des Etats-Unis.

"J'aimerais beaucoup que les gens s'intéressent de plus près à la quantité d'eau disponible dans son ensemble", explique Mark Hammer, qui fait naviguer quelque 8.000 personnes par an.

La changement climatique, la surconsommation croissante par les populations et par l'agriculture remettent en question la facilité d'accès à cette ressource vitale.

"Je n'entends pas beaucoup de bonnes solutions. Je sais que c'est un problème difficile à résoudre et que cela va sans doute prendre des décennies pour que nous ayons une meilleure gestion de notre eau", constate-t-il. "Mais je pense que nous n'avons pas vraiment le choix".

(W.Budayev--DTZ)