Feu vert de Londres au rachat de Royal Mail par Kretinsky
Le rachat de l'opérateur postal britannique en difficulté Royal Mail par le milliardaire tchèque Daniel Kretinsky a reçu lundi l'aval du gouvernement britannique, en échange de garanties, notamment le maintien au Royaume-Uni du siège de cette entreprise historique à haute valeur symbolique.
L'exécutif "est parvenu à un accord avec les nouveaux propriétaires potentiels de Royal Mail" qui "protège les travailleurs et les services clés" et prévoit le maintien du siège social au Royaume-Uni "garantissant ainsi des emplois et des recettes fiscales", a fait valoir le gouvernement dans un communiqué.
L'offre, annoncé en mai pour 3,6 milliards de livres (4,3 milliards d'euros), avait fait polémique dans la classe politique, qui s'inquiétait de conserver l'ancrage dans le pays de cette entreprise privatisée en 2013.
Le parti travailliste, qui a remporté les élections du 4 juillet, avait demandé à M. Kretinsky "des garanties".
La société du milliardaire, EP Corporate Group, a confirmé avoir pris des "engagements juridiquement contraignants", pour "préserver le rôle important que joue Royal Mail au Royaume-Uni".
L'entreprise s'engage à ce que le gouvernement donne son accord pour tout changement de l'emplacement du siège social ou du centre d'opérations de Royal Mail.
Elle maintiendra aussi un service à prix unique pour l'ensemble du Royaume-Uni, la livraison de lettres de première classe six jours par semaine. Elle s'engage aussi à protéger la marque "Royal Mail".
- Plus de 500 ans -
"Je tiens à remercier EP Group et Daniel Kretinsky pour leur approche constructive (...) et leur engagement à protéger cette icône nationale", a réagi le ministre des Entreprises Jonathan Reynolds, cité dans le communiqué du gouvernement.
Le rachat d'IDS, maison mère de Royal Mail, par EP Corporate Group, qui détenait déjà 27,6% du britannique, concerne aussi GLS, la branche de transport de colis à l'international. Le groupe emploie plus de 150.000 personnes.
Royal Mail, dont les origines remontent à plus de 500 ans, a pâti ces dernières années de la baisse du volume de colis à livrer, de graves défaillances dans la distribution du courrier et d'une grève pour les salaires.
"Il est assez surprenant que le gouvernement travailliste actuel" poursuive dans cette voie, alors que le parti avait par le passé caressé l'idée opposée de renationaliser la distribution du courrier, estime Mislav Radic, chercheur spécialiste des politiques publiques à l'école de gestion de l'UCL (University College London).
"Mais il semble que le gouvernement actuel ne considère pas cela comme une solution réalisable, probablement en raison du coût que cela entraînerait", ajoute auprès de l'AFP cet universitaire, pour qui "beaucoup de gens voient cela comme une trahison" dans les rangs travaillistes ou syndicaux.
- "Long terme" -
Avant même la proposition de rachat, l'entreprise avait dit envisager une réduction de la fréquence de distribution de certaines lettres non prioritaires ainsi que des centaines de suppressions de postes.
EP Group assure ne pas avoir l'intention d'apporter des "changements importants à l'effectif" au-delà de ce qui a déjà été annoncé.
"EP Group est un investisseur à long terme et engagé, dont la mission est de faire de Royal Mail un opérateur postal moderne et performant offrant des services et des produits de haute qualité", a assuré Daniel Kretinsky lundi, cité dans le communiqué du gouvernement.
IDS a renoué avec les bénéfices pour son dernier exercice annuel décalé, achevé fin mars, après une lourde perte l'année précédente. Il a aussi fortement réduit sa perte pour les six premiers mois de l'exercice en cours.
Après avoir construit sa fortune grâce aux énergies fossiles, Daniel Kretinsky a multiplié les investissements dans des pays et secteurs variés: des médias à la distribution, il a notamment pris en début d'année le contrôle de Casino en France.
EP Group s'attend à finaliser l'acquisition d'IDS au cours du premier trimestre de 2025.
(U.Stolizkaya--DTZ)