Nomination de Bayrou : le patronat espère le retour de la visibilité
Le patronat s'est réjoui vendredi de la nomination de François Bayrou, félicitant l'homme mais exprimant plus encore l'espoir unanime d'un retour de la "visibilité" qui manque depuis la dissolution, au risque de menacer la solidité des entreprises.
Le Medef a souhaité "pleine réussite" à M. Bayrou, en assurant que les entreprises, "lieu de collectif, de création d’emplois et de richesses partagées, participent à la réconciliation que le Premier ministre appelle de ses vœux".
La première organisation patronale juge dans un communiqué "indispensable que les impératifs de croissance et de compétitivité soient mieux pris en compte dans les (...) arbitrages" du futur budget, espérés "au plus vite".
Le Medef espère aussi que M. Bayrou se préoccupera de voir mise en œuvre la stratégie de "compétitivité responsable" de la nouvelle Commission européenne.
"Les acteurs économiques ont besoin de visibilité, de stabilité et d’une réelle simplification", a observé l'organisation.
La CPME a formé exactement les mêmes vœux. Souhaitant "plein succès au nouveau locataire de Matignon", elle a souligné que les petites et moyennes entreprises attendaient de M. Bayrou "qu’il crée les conditions permettant de retrouver de la visibilité, de la lisibilité et de la stabilité", le mantra de la Confédération depuis des mois.
Elle appelle elle aussi à "l'adoption rapide d'un budget", et à "traduire, enfin, en actes, les mesures de simplification tant attendues".
Une loi comportant de nombreuses mesures de simplification à destination des entreprises, lancée en début d'année par l'ex-patron de Bercy Bruno Le Maire, a vu sa discussion au Parlement stoppée par la dissolution. Finalement adoptée par le Sénat en octobre, il est prévu qu'elle arrive à l'Assemblée nationale début 2025.
Troisième organisation représentative, l'U2P (entreprises de proximité) a également adressé "tous ses vœux de réussite" à M. Bayrou.
Mais elle a là aussi martelé la nécessité de "donner de la visibilité et de la confiance" aux acteurs économiques, et à reprendre le chantier de la simplification.
- "Immobilisme" -
Même si les données économiques ne se sont pas effondrées depuis la dissolution de juin, les entreprises sont particulièrement inquiètes des conséquences de l'interminable séquence politique sur leur activité.
Elles hésitent ainsi à investir depuis un semestre. "Le ralentissement économique actuel risque de se transformer en véritable crise économique dont les prémices se font sentir", selon la CPME.
Ainsi, plus de la moitié (56%)des dirigeants de PME/TPE estiment que le climat d'incertitude politique a "un impact négatif fort" sur leur activité, et 45% ont reporté des investissements, selon le baromètre trimestriel de Bpifrance Le Lab et Rexecode publié en novembre.
Et, selon le cabinet EY, près de la moitié (49%) des investisseurs étrangers en France, pourtant classée cinq années de suite pays le plus attractif d'Europe, ont réduit ou reporté leurs projets d'investissements depuis juin.
La dernière enquête mensuelle de conjoncture de la banque de France, parue mardi, montre que l'indicateur d'incertitude est au plus haut depuis fin 2022, au moment de la crise énergétique, dans tous les secteurs d'activité.
Le président du Medef Patrick Martin a même estimé dimanche dernier dans le JDD que la France était "déjà rentrée en légère récession".
Ce que ne confirment pas encore l'Insee et la Banque de France, qui misent sur une croissance nulle au quatrième trimestre.
Vendredi encore, l'organisation d'indépendants SDI a estimé qu'il était "temps de tourner la page de l'immobilisme". Son secrétaire général Marc Sanchez a vu, lui aussi, dans la nomination de François Bayrou "l'opportunité de sortir de l’impasse politique".
L'UDES enfin, qui regroupe les patrons de l'économie sociale et solidaire, a espéré voir nommer "un ministre de plein exercice en charge de l'ESS" dans le prochain gouvernement, comme c'était le cas dans le gouvernement sortant avec Marie-Agnès Poussier-Winsback.
(O.Tatarinov--DTZ)