Royaume-Uni: Starmer tente de se relancer avec un "plan pour le changement"
Le Premier ministre britannique Keir Starmer va tenter jeudi de se relancer en dévoilant un "plan pour le changement", au moment où son gouvernement se trouve au plus bas dans les sondages après seulement cinq mois au pouvoir.
Le travailliste, arrivé à Downing Street en juillet dernier après 14 années de gouvernements conservateurs, doit s'exprimer dans la matinée depuis le Buckinghamshire (nord-ouest de Londres).
Keir Starmer a assuré que ce plan serait "le plus ambitieux et honnête depuis une génération", avec la volonté "d'apporter de réelles améliorations dans la vie des travailleurs", dans un communiqué diffusé en amont de son discours par Downing Street.
Son action durant ses cinq premiers mois au gouvernement a été largement éclipsée par des polémiques, comme celle sur les cadeaux reçus par plusieurs ministres et Keir Starmer lui-même de la part d'un riche donateur, et des décisions impopulaires prises en tout début de mandat sur des aides sociales.
Pourtant, le gouvernement a lancé de nombreux chantiers, en débloquant par exemple 22 milliards de livres d'ici 2026 pour le système public de santé en crise, en mettant un coup d'accélérateur à l'éolien et au solaire pour verdir la production électrique, ou encore en présentant au Parlement une loi accordant de nouveaux droits sociaux aux travailleurs.
Comme ses prédécesseurs conservateurs, il s'emploie à réduire l'immigration en mettant davantage de moyens pour lutter contre les passeurs afin d'enrayer les traversées de la Manche par des migrants, et en durcissant les conditions d'embauche de travailleurs étrangers.
Et il a enclenché des réformes emblématiques comme la nationalisation du transport ferroviaire.
- "Acte désespéré" -
Mais le gouvernement peine à convaincre l'opinion publique. Sa popularité est en chute libre: 58% des Britanniques désapprouvent son action, contre 32% fin juillet, selon un sondage YouGov.
Il s'est mis les agriculteurs à dos en mettant fin à l'exonération des droits de succession dont ils bénéficiaient.
Il a heurté les retraités en supprimant un chèque énergie pour des millions d'entre eux, tandis que le budget et ses hausses d'impôts ont déçu les entreprises.
De plus, Keir Starmer a dû se séparer de sa cheffe de cabinet, critiquée pour sa gestion du début de son mandat, tandis que sa ministre des Transports a été contrainte de démissionner cette semaine après avoir reconnu avoir menti à la police dans une ancienne affaire de téléphone soi-disant volé.
La semaine dernière, une pétition appelant à la démission de M. Starmer et à l'organisation de nouvelles élections a recueilli près de trois millions de signatures, aidée par le soutien du milliardaire américain Elon Musk sur son réseau social X.
Dans son discours jeudi, Keir Starmer promet de présenter des "objectifs d'étapes mesurables" qui "donneront la priorité aux travailleurs" et leur permettront "de demander des comptes au gouvernement".
La cheffe de l'opposition conservatrice Kemi Badenoch a ironisé sur un plan "d'urgence, seulement cinq mois après le début de son mandat".
"Certains s'opposeront sans doute à ce que nous faisons et il y aura certainement des obstacles sur notre chemin, mais ce gouvernement a été élu avec un mandat de changement et notre plan reflète les priorités des travailleurs", insiste le dirigeant travailliste.
Il devrait afficher un objectif chiffré de réduction des listes d'attente dans le système de santé et annoncer de nouvelles mesures pour renforcer la sécurité quotidienne des Britanniques.
"Il s'agit pour lui d'utiliser un langage qui va toucher les électeurs", estime auprès de l'AFP Patrick Diamond, ex-conseiller politique dans les précédents gouvernements travaillistes.
Le journal de gauche The Guardian y voit une tentative pour "rallier les électeurs déçus", pointant un programme jusqu'ici "tiède, ressemblant souvent aux mesures et idées ratées des conservateurs".
La presse conservatrice a déjà brocardé l'initiative gouvernementale, le Daily Mail critiquant le "manque de vision" de Keir Starmer, quand le Telegraph parle d'"un acte désespéré".
(M.Travkina--DTZ)