Deutsche Tageszeitung - Loi sur l'aide à mourir: devant le Parlement britannique, deux camps irréconciliables

Loi sur l'aide à mourir: devant le Parlement britannique, deux camps irréconciliables


Loi sur l'aide à mourir: devant le Parlement britannique, deux camps irréconciliables
Loi sur l'aide à mourir: devant le Parlement britannique, deux camps irréconciliables / Photo: © AFP

"Ma mort, mon choix" d'un côté, "Tuez la loi, pas les malades" de l'autre: défenseurs et opposants à la proposition de loi britannique autorisant le suicide assisté pour certains malades en phase terminale se sont mobilisés vendredi devant le Parlement à l'occasion d'un premier vote sur ce texte.

Taille du texte:

Une centaine de manifestants en faveur de cette loi portent des t-shirts et des chapeaux roses, et brandissent des affiches qui proclament: "Donnez-moi la possibilité de choisir ma mort", "Ma vie, ma mort, mon choix", "Les mourants ont besoin d'avoir le choix".

"Mon frère a une maladie neurodégénérative. Il va avoir une mort horrible et il veut avoir le choix de mourir au moment où il le décide et quand ce n'est pas trop éprouvant pour ceux qui sont autour de lui", explique à l'AFP Graeme Lamb, un psychiatre londonien de 61 ans.

"L'alternative, c'est des gens contraints à mettre fin à leur vie encore plus tôt", dit-il.

- Mourir "dignement" -

Tighe Twomey, 62 ans, enseignant irlandais à la retraite, souligne qu'il s'agit d'une question d'autonomie pour des gens condamnés à mourir dans la douleur.

"Je trouve que les gens devraient avoir le choix de décider, si leur vie devient insupportable, d'y mettre fin dignement, selon leurs propres conditions", dit-il.

Un nombre à peu près similaire d'opposants sont également rassemblés près du Parlement. "Ne demandez pas aux médecins d'être des tueurs", "Améliorez d'abord les soins", "Le suicide assisté n'est pas la solution", peut-on lire sur leurs pancartes, tandis qu'un manifestant brandit l'immense effigie d'un juge tenant une seringue.

Jude, 37 ans, qui travaille dans le marketing, redoute que les malades et les personnes âgées se sentent sous pression de mettre fin à leurs jours.

"Ma mère est handicapée et elle a déjà l'impression d'être un fardeau", dit-elle. "Beaucoup de gens, je pense, ont aussi des membres de leur famille qui ont l'impression d'être un poids pour les autres".

James, 23 ans, estime que la loi transformerait les médecins en "tueurs". Pour cet habitant de Luton (nord de Londres), les médecins devraient "fournir des soins, faire tout ce qu'ils peuvent (pour les malades en phase terminale) mais pas aller jusqu'à tuer des patients".

- "Abus" -

La proposition de loi prévoit d'autoriser le suicide assisté en Angleterre et au Pays de Galles pour les adultes atteints d'une maladie incurable ayant une espérance de vie de moins de six mois, et capables de prendre eux-mêmes la substance provoquant leur décès.

La décision devrait être validée par deux médecins et un juge.

Linette, une Londonienne de 53 ans employée dans une administration locale, explique être opposée à la proposition de loi en raison de sa foi chrétienne, mais aussi parce qu'elle redoute des "abus". Elle craint qu'elle finisse par s'appliquer à davantage de gens que les malades en phase terminale. "Je pense que nous devons chérir la vie sous toutes ses formes", dit-elle.

L'actrice Lisa Hammond, connue au Royaume-Uni pour son rôle dans la saga télévisée EastEnders et qui utilise régulièrement un fauteuil roulant du fait d'une maladie chronique, craint elle aussi que malgré les bonnes intentions, la loi n'ouvre la voie à une "pente glissante", dangereuse pour les personnes les plus vulnérables.

"Ils affirment que le projet de loi n'a rien à avoir avec nous, mais nous sommes les personnes qui sont en première ligne de la discrimination médicale", a-t-elle insisté.

Mais pour Graeme Lamb, dont le frère a une maladie neurodégénérative et qui défend la proposition de loi, chacun doit avoir le choix. "Je soutiens totalement les gens qui font un choix différent. Tout ce que je veux, c'est qu'ils ne l'imposent pas aux autres", ajoute-t-il.

(P.Vasilyevsky--DTZ)