Deutsche Tageszeitung - L'Europe "a deux mois pour se préparer" à l'arrivée de Trump, alerte le patron du Medef

L'Europe "a deux mois pour se préparer" à l'arrivée de Trump, alerte le patron du Medef


L'Europe "a deux mois pour se préparer" à l'arrivée de Trump, alerte le patron du Medef
L'Europe "a deux mois pour se préparer" à l'arrivée de Trump, alerte le patron du Medef / Photo: © AFP/Archives

Le président du Medef Patrick Martin a sonné l'alarme jeudi: l'Europe "a deux mois pour se préparer" à l'arrivée de Donald Trump au pouvoir aux États-Unis, et transformer ses politiques économiques.

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M. Martin s'exprimait à l'occasion du 6e Forum économique trilatéral France-Allemagne-Italie, qui réunit jusqu'à vendredi le Medef et ses homologues allemand et italien, le BDI et la Confindustria.

Après un discours du premier ministre Michel Barnier, les trois organisations signeront vendredi une déclaration commune, qui devrait appeler l'Europe à se mobiliser rapidement pour ne pas se mettre à la traîne de l'économie mondiale.

En présence de la présidente du Parlement européen, Roberta Metsola, et d'Antonio Tajani, ministre italien des Affaires étrangères, M. Martin a appelé l'Europe à se "départir d'une certaine forme d'angélisme, de passivité, voire de déconnexion vis-à-vis du reste du monde".

Il a jugé qu'il fallait "réconcilier les indispensables objectifs environnementaux et sociétaux avec les tout aussi indispensables performances économiques".

"Dans 60 jours, un nouveau président américain sera au pouvoir, disons-le, suspicieux à l'égard de l'Union européenne, sceptique sur l'OTAN, et qui s'est engagé à augmenter les droits de douane de 10 à 20%, au moins, sur tous nos produits".

"L'Europe a deux mois pour se préparer, s'organiser de façon à transformer en profondeur et rapidement ses politiques économiques. Passé ce délai, le choc sera rude, alors que nos performances actuelles sont déjà fragiles", a-t-il prévenu.

Il a proposé de "comparer nos résultats économiques à ceux des États-Unis, et à chaque fois que les chiffres européens sont inférieurs, à ajuster nos politiques radicalement si nécessaire".

Il a souhaité que l'Europe "soutienne massivement toutes les énergies décarbonées", notamment le nucléaire, et demandé une simplification voire un report, des directives CSRD et CS3D, qui exigent des entreprises de lourdes démarches.

- "Pas peur" -

Il a appelé enfin à "une véritable union des marchés de capitaux".

Pour la BDI allemande, la directrice générale Tanja Gönner, qui représentait le président Siegfried Russwurm, souffrant, a appelé l'UE à agir "sans bureaucratie supplémentaire" et la nouvelle Commission à mener des actions "concrètes et rapides" en faveur de l'économie.

Elle a souhaité "une évolution qui équilibre bien mieux qu'avant les considérations écologiques et économiques"

Le président italien de la Cofindustria, Emanuele Orsini, s'est inquiété de directives, comme le système d'échange de quotas d'émissions, "qu'il faut modifier sous peine de supprimer des secteurs industriels en Europe", comme l'automobile ou la céramique.

Lui aussi a fait valoir que l'UE était déjà très bonne élève en matière d'écologie puisqu'elle produit "7 à 8% des émissions mondiales alors qu'elle représente 15% du PIB".

M. Tajani a été plus explicite encore, assurant "ne pas avoir voulu rater cet évènement pour envoyer un message clair aux entreprises italiennes, françaises et allemandes", les trois plus grosses économies de l'UE.

"On n'a pas le temps de bavarder, il faut (agir) dès le début du travail de la nouvelle Commission" européenne, a-t-il lancé, demandant un "changement de position par rapport à la Commission sortante": "on ne peut pas avoir une politique environnementale qui tue l’industrie, l'agriculture et la compétitivité" a-t-il dit.

"Heureusement nous n'aurons plus M. (Frans) Timmermans à la Commission", s'est-il réjoui, en référence à l'ancien commissaire néerlandais en charge du Pacte vert.

M. Tajani s'est dit opposé à l'obligation d’interdire les véhicules thermiques neufs à partir de 2035.

"Le contexte actuel n'est pas facile", a reconnu Mme Metsola, notant "la nécessité de renforcer la compétitivité européenne".

"Le Parlement européen n'a pas peur du changement, nous comprenons la responsabilité qui pèse sur nous", a-t-elle ajouté.

(A.Nikiforov--DTZ)