Fnac Darty et Daniel Kretinsky maîtres à bord de l'Italien Unieuro
Une acquisition notable à l'échelle de l'équipement de maison européen: Fnac Darty et son premier actionnaire, le milliardaire tchèque Daniel Kretinsky, ont réussi leur offre d'achat d'Unieuro vendredi, permettant au groupe de revenir en Italie l'année des 70 ans de la Fnac.
L'offre publique d'achat lancée le 2 septembre, clôturée fin octobre, a été rouverte cette semaine pour permettre aux actionnaires d'apporter un maximum de titres: vendredi soir, 19,6% du capital du distributeur italien ont été apportés, s'ajoutant aux 67,1% acquis durant la phase initiale, et aux 4,4% des parts déjà détenues par Fnac Darty.
Avec désormais 91,1% du capital possédé par les acquéreurs, soit plus du seuil requis de 90%, Unieuro sera retirée de la Bourse de Milan.
"Face à ce franc succès, nous sommes d’autant plus convaincus que notre ambition de construire un leader de la distribution spécialisée en Europe est partagée", a affirmé vendredi soir dans un communiqué le directeur général de Fnac Darty Enrique Martinez.
"Nous sommes impatients de travailler aux côtés des équipes d’Unieuro pour assurer une intégration harmonieuse et ainsi créer de la valeur pour l’ensemble de nos actionnaires, partenaires et clients", a-t-il ajouté.
En termes de structure capitalistique, Fnac Darty et Ruby Equity Investment, filiale d'une société contrôlée par Daniel Kretinsky, envisagent de créer une société d'investissement commune qui possèdera la participation dans Unieuro.
Cette société commune, détenue à 51% par Fnac Darty et à 49% par Ruby, serait contrôlée par le spécialiste français de la distribution de produits électroniques et électroménagers.
Pesant 17% du marché italien, Unieuro compte 5.000 salariés dans un peu plus de 500 magasins, pour un chiffre d'affaires annuel de 2,6 milliards d'euros. Un peu moins des trois quarts de ses magasins sont implantés dans le nord et le centre du pays.
L'opération valorise le groupe à 249 millions d'euros, et son acquisition permet à Fnac Darty de peser plus de 10 milliards d'euros de ventes annuelles, dans 1.500 magasins, sous réserve d'obtenir les autorisations réglementaires, ce que M. Martinez a espéré vendredi "d'ici quelques semaines".
- Revanche -
Outre la France, Fnac Darty est déjà présent en Espagne, au Portugal, en Belgique, en Suisse, au Luxembourg, en Tunisie, au Qatar, en Côte d'Ivoire, au Cameroun, au Congo, au Sénégal et en Arabie Saoudite.
C'est une forme de revanche pour la Fnac, qui avait infructueusement tenté de s'implanter en Italie au début du XXIe siècle.
Alors propriété de Pinault-Printemps-Redoute (PPR), l'ex-groupe Kering, la Fnac n'avait "jamais réuni les conditions d'exploitation nécessaires pour s'imposer dans ce pays", avait-elle expliqué fin 2012, au moment de l'annonce de son retrait effectif quelques mois plus tard.
M. Martinez n'a jamais caché son envie de participer à la consolidation de son secteur, qui "doit se renforcer pour se donner les moyens de rivaliser au niveau mondial", comme il l'expliquait à l'AFP en juillet.
Il avait en outre estimé que l'opération Unieuro pouvait se faire avec une "exposition financière très limitée" grâce au soutien de Daniel Kretinsky, ce qui lui laisserait des marges de manœuvre pour "d'autres projets".
Le milliardaire tchèque est le premier actionnaire de Fnac Darty depuis mars 2023, devant le distributeur allemand Ceconomy. Ayant fait fortune dans l'énergie, détenant aujourd'hui l'un des plus gros groupes énergétiques d'Europe, M. Kretinsky a diversifié ses activités récemment dans la distribution, la logistique et les médias.
En France, il a pris le contrôle, avec des alliés, du distributeur alimentaire Casino et de plusieurs médias via la société Czech Media Invest (CMI) France (Elle, Télé 7 Jours, Marianne, ou Franc-Tireur).
Fnac Darty a enregistré 1,8 milliard d'euros de chiffre d'affaires au troisième trimestre, et 5,2 milliards sur les neuf premiers mois de l'année.
Le groupe, qui réalise une grosse partie de son activité à l'occasion des fêtes de fin d'année, a dit entrevoir une "reprise de la consommation" et a légèrement relevé ses objectifs annuels de rentabilité.
(V.Sørensen--DTZ)