Wall Street ouvre en baisse, le regard braqué sur l'Ukraine
La Bourse de New York a ouvert en baisse jeudi, minée par la multiplication des signes d'escalade de la crise ukrainienne, dans un contexte déjà tendu par la perspective d'un resserrement monétaire imminent.
Dans les échanges, le Dow Jones cédait 1,25%, l'indice Nasdaq, à majorité technologique, 1,16%, et l'indice élargi S&P 500, 1,25%.
"L'attention reste sur la situation en Ukraine et en Russie", a indiqué Peter Cardillo, de Spartan Capital. "Ca va être une nouvelle journée d'anxiété."
L'ambassadrice américaine à l'ONU, Linda Thomas-Greenfield, a affirmé jeudi que la Russie "se (dirigeait) vers une invasion imminente" de l'Ukraine.
La Russie a, elle, annoncé de nouveaux retraits de troupes et d'équipements postés à la frontière de l'Ukraine, deux jours après une premier signal qui avait été mis en doute par la diplomatie américaine.
Par ailleurs, des bombardements ont été constatés dans l'Est de l'Ukraine, où l'armée ukrainienne affronte des séparatistes prorusses depuis 2014, les deux parties se renvoyant la responsabilité de la dégradation du conflit.
Ces derniers développements ont profité au marché obligataire et le taux des emprunts d'Etat américains à 10 ans s'est brutalement replié à 1,96%, contre 2,04% la veille.
"La migration vers les actifs plus sûrs est en cours", a observé Peter Cardillo.
"Bien sûr, le marché qui souffre le plus est le Nasdaq", riche en valeurs technologiques et de croissance, traditionnellement boudées lorsque le marché perd ses nerfs.
Parmi elles, le fabricant de cartes graphiques Nvidia qui dévissait en début de séance (-6,83% à 247,01 dollars), malgré des résultats meilleurs qu'attendu et une prévision de chiffre d'affaires nettement supérieure aux anticipations des analystes.
"Des nuages noirs se trouvent au-dessus du marché", a commenté, dans une note, Patrick O'Hare, de Briefing.com.
"Qu'on parle de l'Ukraine, du resserrement monétaire ou de la croissance des résultats, ce ne sont que des nuances de gris en ce moment, ce qui explique que le comportement du marché ait été changeant."
Les quelques indicateurs macroéconomiques mineurs publiés jeudi n'ont pas changé l'humeur du marché.
Les inscriptions hebdomadaires au chômage ont ainsi augmenté, plus que prévu, par rapport à la semaine précédente, tandis que l'activité manufacturière de la région de Philadelphie a ralenti davantage que ne l'anticipaient les économistes.
A la cote, Walmart avançait (+3,18% à 137,78 dollars) grâce à des résultats trimestriels supérieurs aux attentes. Le géant de la distribution est parvenu à gagner des parts de marché en alimentation aux Etats-Unis, ayant fait le choix de la compétitivité de ses prix malgré la poussé inflationniste en cours.
La plateforme américaine de livraison de repas DoorDash s'envolait (+15,43% à 109,53 dollars) après la publication mercredi après Bourse, d'un chiffre d'affaires supérieur aux attentes. Attendu au tournant après avoir été l'un des grands vainqueurs de la pandémie, le groupe dit anticiper une forte croissance des commandes en 2022.
Hasbro profitait (+6,98% à 103,81 dollars) de l'initiative de la société d'investissement Alta Fox, détenteur de 2,5% du capital du spécialiste du jouet et qui a proposé ses propres candidats au conseil d'administration ainsi qu'une évolution de la stratégie de l'entreprise.
Le groupe de télécommunications Cisco était aussi à la fête (+4,13% à 56,49 dollars), après avoir relevé ses objectifs pour son exercice 2022 (clôturé fin juillet).
(V.Sørensen--DTZ)