Oostduinkerke, "dernier endroit au monde" pour la pêche aux crevettes à cheval
Les chevaux avancent lentement, parallèlement à la plage, dans l'eau jusqu'à l'encolure.
Les cavaliers vêtus de vestes et pantalons cirés jaunes tranchent sur le bleu du ciel.
Les mouettes s'agitent dans le sillage des filets tractés par les chevaux.
Dans la commune belge de Oostduinkerke, sur la mer du Nord, on pratique toujours la pêche aux crevettes à cheval.
Si cette tradition côtière a peu à peu disparu à travers l'Europe, elle s'est maintenue ici, où elle est inscrite au patrimoine culturel immatériel de l'Unesco.
Elle ne fait plus l'objet d'une exploitation commerciale, mais est un argument touristique de taille pour cette petite commune située à une vingtaine de kilomètres de la frontière avec la France.
Au départ, les agriculteurs se rendaient sur la côte pour y pêcher et trouver un complément à leur alimentation.
D'abord en tirant des filets à pied, puis avec des mules et progressivement des chevaux de ferme, plus robustes et capables de tracter des filets plus grands.
Une méthode connue en Belgique comme dans le Nord de la France, aux Pays-Bas, ou dans le sud de l'Angleterre.
- "Habitués à avoir du public" -
Ils sont cinq à pêcher la crevette grise en ce jour ensoleillé de la fin octobre, profitant de la marée basse.
"C'est le dernier endroit au monde où l'on pêche de cette manière", explique le pêcheur flamand Gunther Vanbleu pendant qu'il trie sa pêche sur la plage, au milieu d'une foule impressionnante de curieux brandissant leurs smartphones pour saisir la scène.
"Etre sur son cheval, dans la mer, c'est assez fun en fait. Et nous sommes habitués à avoir du public, car c'est unique et les gens aiment voir ça, les crevettes et les gros chevaux."
Pieds nus ou bottes aux pieds, près de 200 personnes sont présentes pour assister au spectacle.
Le produit de la pêche du jour ne sera pas vendu.
Les quelques kilos de crevettes seront simplement cuisinées par la douzaine de familles pratiquant encore cette pêche, et partagées entre amis.
Mais l'activité perdure et attire toujours les touristes d'avril à octobre.
"Je pense que cette tradition va se poursuivre", poursuit Gunther Vanbleu, soulignant l'impact du classement au patrimoine culturel immatériel de l'Unesco.
Interrogé sur l'impact du changement climatique, il met en avant des changements.
"Nous voyons que cela évolue un peu: le température de l'eau, l'arrivée de nouvelles espèces...", explique-t-il.
"Peut-être qui si l'eau se réchauffe trop, les crevettes se déplaceront vers des eaux plus froides. C'est une possibilité. Si cela arrive, nous verrons bien. Pour le moment, ce n'est pas encore un problème...".
(I.Beryonev--DTZ)