Le 77e Festival de Cannes s'ouvre avec #MeToo en tête
Le 77e Festival de Cannes ouvre mardi avec la vague #MeToo dans tous les esprits, et sur le tapis rouge, un défilé de stars dont une légende d'Hollywood, Meryl Streep, invitée d'honneur.
Le sujet des violences sexuelles est présent comme rarement, sept ans après la chute du producteur américain Harvey Weinstein, et cinq mois après la prise de parole, en France, de Judith Godrèche.
Cette dernière, qui a accusé les réalisateurs Benoît Jacquot et Jacques Doillon de viols dans son adolescence, présentera mercredi son court métrage "Moi aussi", réalisé en hommage aux victimes.
La question des violences sexuelles sera présente dès la soirée d'ouverture, la maîtresse de cérémonie Camille Cottin promettant à l'AFP de ne pas oublier "les remises en question profondes" du métier.
"Il va y avoir des prises de paroles de personnalités fortes, puissantes, des femmes puissantes qui vont, elles aussi, porter une parole et qui sont des invitées importantes de cette cérémonie", a-t-elle assuré.
Si aucune des personnalités invitées cette année n'a fait l'objet de mises en cause publiques, neuf femmes ont accusé, la plupart anonymement, le producteur Alain Sarde de les avoir violées ou agressées sexuellement, révélait le magazine Elle lundi.
Le Festival de Cannes tout comme le site d'investigation Mediapart ont en revanche démenti les rumeurs persistantes relayées par certains médias d'une liste de personnalités du cinéma qui seraient mises en cause pour ce type de faits.
"Il n'y a pas deux choses séparées, le festival d'un côté et tout ce qui se passe autour", a estimé Camille Cottin, faisant également référence au mouvement social des petites mains du Festival de Cannes, qui demandent moins de précarité et protestent contre le durcissement du régime d'assurance-chômage.
Elle pourra puiser dans ses talents d'humoriste, le milieu dans lequel elle a commencé, pour faire le lien entre ces sujets graves et le 7e art, dont le délégué général du Festival, Thierry Frémaux, a souligné la nécessité qu'il reste "l'intérêt de tous" à Cannes.
- Rare sur la Croisette -
Visage connu des deux côtés de l'Atlantique depuis son rôle d'agent de star dans la série "Dix pour cent", elle remettra une Palme d'or d'honneur à la star de la soirée, Meryl Streep, 35 ans après son prix d'interprétation pour "Un cri dans la nuit".
Légende d'Hollywood avec 21 nominations aux Oscars et des rôles dans des films aussi culte que "Kramer contre Kramer" (1979), "Le choix de Sophie" (1982), "Sur la route de Madison" (1995) ou "Le Diable s'habille en Prada" (2006), elle reste une figure rare sur la Croisette.
Elle y croisera Greta Gerwig, une cinéaste qui l'a fait tourner dans "Les filles du docteur March" (2019).
Greta Gerwig, qui est depuis devenue la première réalisatrice à engranger plus d'un milliard de dollars de recettes avec un film, "Barbie", fera mardi ses premiers pas de présidente du jury cannois, un signe de plus de l'évolution des rapports de force dans le 7e art.
Côté glamour, elle retrouvera sur le tapis rouge les autres membres de son jury, dont Omar Sy, Eva Green et Lily Gladstone, avec lesquels elle a partagé lundi soir un premier dîner rose bonbon, Barbie oblige, concocté en son honneur par le chef des stars Jean Imbert.
Au menu, une "tartelette fenouil et marshamallow à la rose", ou un "Barbie Tuna", hibiscus et barbajuan à la tomate.
Ils seront rejoints par le quatuor de stars françaises du film d'ouverture: Léa Seydoux, Louis Garrel, Vincent Lindon et Raphäel Quenard. Le réalisateur Quentin Dupieux les a réunis pour une pure comédie sur le cinéma, "Le deuxième acte", qui appuie là où ça fait mal, du politiquement correct à l'ego des acteurs.
La cérémonie d'ouverture pourra également célébrer une bonne nouvelle pour les cinéphiles: la venue inespérée à Cannes du cinéaste iranien Mohammad Rasoulof, tout juste condamné à cinq ans de prison, mais qui a fui son pays. Son film sera présenté au dernier jour de la compétition, juste avant le palmarès le 25 mai.
(M.Dylatov--DTZ)