Cinq morts dans une boîte gay aux Etats-Unis, le tireur présumé arrêté
Un tireur est suspecté d'avoir ouvert le feu dans la nuit de samedi à dimanche dans une discothèque LGBT à Colorado Springs aux Etats-Unis, tuant au moins cinq personnes et blessant 18 autres, a annoncé la police.
"Il y a eu une fusillade dans une boîte locale ce soir. Nous avons dix-huit personnes blessées et cinq tuées", a déclaré une porte-parole de la police, Pamela Castro, prévenant que ce bilan était susceptible d'évoluer.
Les blessés ont été transportés dans divers hôpitaux du Colorado, un Etat du centre du pays.
Des policiers intervenus à la suite d'un appel vers 23H57 locales (06H57 dimanche) faisant état d'une fusillade en cours dans cette boîte locale, nommée le Club Q, "ont localisé à l'intérieur un individu que nous pensons être le suspect", a-t-elle poursuivi. Cet homme, auteur présumé des tirs et blessé, a été arrêté et hospitalisé.
La police fédérale américaine (FBI) a également été sollicitée pour assister les agents de police locaux dans l'enquête.
Un dispositif médical d'urgence composé de dizaines de pompiers et de 11 ambulances a été déployé sur les lieux de la fusillade, selon le porte-parole du service de lutte contre les incendies de Colorado Springs, Mike Smaldino.
Le Club Q a remercié pour la rapidité de leur réaction "les clients héroïques qui ont maîtrisé le tireur et mis fin à cette attaque haineuse", selon un message publié dimanche sur Facebook. Le club se dit "bouleversé par cette attaque insensée contre notre communauté".
La boîte de nuit avait annoncé samedi un événement LGBT, une soirée "avec toutes sortes d'identités de genres et de numéros" à l'occasion de la Journée du souvenir transgenre, célébrée internationalement le 20 novembre.
Cette journée est organisée depuis 1998, après l'assassinat de la femme transgenre Rita Hester devenue symbole de l'oppression dont est victime la communauté transgenre. La date du 20 novembre est une invitation à se souvenir des victimes de transphobie.
-Le précédent tragique d'Orlando-
La police de Colorado Springs a annoncé prévoir une conférence de presse en début de matinée dimanche sur la fusillade. Ce nouveau drame s'inscrit dans un contexte de résurgence d'actes hostiles aux personnes transgenres, selon les statistiques des associations et du FBI.
Le 12 juin 2016, un Américain d'origine afghane, Omar Mateen, avait tué 49 personnes et blessé une cinquantaine d'autres dans une boîte gay d'Orlando (Floride, Sud-Est), le Pulse.
Le président américain Joe Biden avait marqué l'an dernier le cinquième anniversaire du massacre d'Orlando en annonçant que le club allait devenir un mémorial national.
Les Etats-Unis paient un très lourd tribut à la dissémination des armes à feu sur leur territoire et à la facilité avec laquelle les Américains y ont accès.
Depuis le début de l'année, 601 fusillades de masse ont été recensées aux États-Unis, en comptant la tragédie de Colorado Springs samedi, selon l'organisation Gun Violence Archive. Une fusillade de masse signifiant selon elle que quatre personnes ou plus ont été tuées ou blessées par balle, sans compter le tireur.
Le pays compte davantage d'armes individuelles que d'habitants: un adulte sur trois possède au moins une arme et près d'un adulte sur deux vit dans un foyer où se trouve une arme.
La conséquence de cette prolifération est le taux très élevé de décès par arme à feu aux Etats-Unis, sans comparaison avec celui des autres pays développés.
Environ 49.000 personnes sont mortes par balle en 2021, contre 45.000 en 2020, qui était déjà une année record. Cela représente plus de 130 décès par jour, dont plus de la moitié sont des suicides.
Ce sont toutefois les fusillades à nombreuses victimes qui marquent le plus les esprits.
L'histoire américaine récente est en effet jalonnée de tueries, sans qu'aucun lieu de la vie quotidienne ne semble à l'abri, de l'entreprise à l'église, du supermarché à la discothèque, de la voie publique aux transports en commun.
Un de ces massacres, commis dans un lycée en Floride le 14 février 2018 à Parkland, a déclenché un vaste mouvement national, avec la jeunesse en fer de lance, pour exiger un encadrement plus strict des armes individuelles aux Etats-Unis.
Mais, malgré la mobilisation de plus d'un million de manifestants, le Congrès des Etats-Unis n'a pas adopté de loi ambitieuse, nombre d'élus étant sous l'influence de la puissante National Rifle Association (NRA), le premier lobby américain des armes.
De fait, dans un pays où la possibilité de détenir une arme à feu est considérée par des millions d'Américains comme un droit constitutionnel fondamental, les seules avancées législatives récentes restent marginales, comme la généralisation des contrôles d'antécédents judiciaires et psychiatriques avant tout achat d'arme.
(U.Beriyev--DTZ)