Glissement de terrain au Venezuela : les secours à la recherche des 56 disparus
Les équipes de secours étaient toujours à la recherche lundi des 56 personnes disparues dans une coulée de boue qui a fait au moins 36 morts à Las Tejerias, une petite ville du centre-nord du Venezuela.
Ce pays fait face à des précipitations exceptionnelles depuis le mois de septembre. Les pluies diluviennes ces derniers jours ont provoqué le débordement de ruisseaux et des glissements de terrain à Las Tejerias (50.000 habitants), située à flanc de montagne.
"Malheureusement, nous avons 36 personnes mortes pour le moment et 56 personnes disparues", a annoncé le ministre de l'Intérieur Remigio Ceballos en milieu d'après-midi sur Twitter. Le précédent bilan de disparus était de 52.
"Nous avons un déploiement de plus de 3.000 hommes", a-t-il ajouté. Les précédentes annonces faisaient état de 1.200 secouristes déployés.
Las Tejerias est envahie par la boue et d'innombrables débris. "Nous cherchons toujours", dit un secouriste. Les pompiers se servent notamment de tronçonneuses pour se frayer un chemin parmi les arbres charriés dans la ville.
De nombreuses maisons et commerces ont été détruits par la coulée de boue qui a tout emporté sur son passage : arbres, voitures, murs de maisons, etc.
Un militaire dirige une équipe de recherche à l'aide d'un haut-parleur. "Ils sont en train de retirer les débris et du sang a été vu", explique l'officier depuis un toit en béton, sur l'une des rares structures restées debout après la coulée de boue.
Les habitants de Las Tejerias participent activement aux efforts à l'aide de pioches, de pelles et de tout ce qu'ils peuvent trouver, a constaté l'AFP sur place. Le travail ne s'est pas arrêté pendant la nuit, avec l'aide de lumières, de chiens et de drones.
Lundi, la vice-présidente Delcy Rodriguez a indiqué que 317 maisons avaient été "complètement détruites" et 757 "touchées" par le glissement de terrain.
M. Ceballos avait parlé la veille d'"une quantité record de précipitations" tombée sur la ville, assurant que le volume moyen d'eau en un mois était tombé en un jour.
"Ces fortes pluies ont saturé le sol", avait ajouté le ministre, les attribuant au "changement climatique" et au passage de l'ouragan Julia au nord du Venezuela, qui a été rétrogradé lundi en dépression tropicale au-dessus du Guatemala.
"J'étais piégé par les flots et je n'avais pas d'autre choix que de grimper sur le toit et de m'accrocher à l'antenne", raconte José Santiago, 65 ans, un survivant: "L'eau m'arrivait jusqu'au cou. J'étais prêt (à mourir). S'il avait plu cinq minutes de plus, je me noyais".
"Tejerias ne sera plus jamais la même, nous partons car il est impossible de s'en remettre", a lâché, bouleversé, un commerçant, Isaac Castillo, 45 ans.
- Collectes pour les victimes -
Ces dernières semaines, cette saison des pluies atypique et ces trombes d'eau qui s'abattent sur le Venezuela avaient déjà provoqué la mort de 13 personnes dans d'autres régions du pays .
Plusieurs abris pour les familles touchées ont été mis en place à Maracay, capitale de l'Etat d'Aragua où se trouve Las Tejerias, a indiqué M. Ceballos.
Dimanche, le président Nicolas Maduro avait décrété trois jours de deuil national.
Dans un pays où le baseball est le sport national, l'équipe des Tigres d'Aragua a proposé son stade comme centre de collecte de dons. Dans la capitale, celle des Leones de Caracas a aussi annoncé récolter eau minérale, produits non périssables et vêtements pour les survivants.
"J'ai apporté de l'eau potable, du lait en poudre, des bonbons pour les enfants et quelques vêtements pour garçons", explique Karla Cuervo, 39 ans, mère au foyer, en déposant son don au centre de collecte "Angeles de la Autopista" (Anges de l'autoroute) à Caracas. "J'espère qu'il y aura plus de dons. Parce qu'il y a des gens qui n'ont plus rien, plus rien..."
Outre la catastrophe de Las Tejerias, des inondations et des glissements de terrain se sont produits dans plusieurs autres endroits du pays pendant le week-end, notamment dans l'Etat de Zulia, berceau pétrolier du Venezuela, ou à Choroni sur la côte caraïbe.
En 1999, quelque 10.000 personnes étaient mortes dans un important glissement de terrain dans l'Etat de Vargas (nord).
(L.Møller--DTZ)