Blackout à Cuba après l'ouragan Ian: "qu'allons-nous faire? survivre"
Bougies, lampes de poche, téléphone portable: à Cuba, totalement privée d'électricité après le passage de l'ouragan Ian, les habitants ont recouru à des moyens de fortune pour avoir un peu de lumière dans la nuit de mardi à mercredi.
Dans ce pays de 11,2 millions d'habitants, rares sont ceux qui disposent d'un générateur à essence hormis les hôpitaux ou les bureaux et administrations publiques.
"Qu'allons-nous faire? Survivre", lance sèchement à l'AFP Maykel, 35 ans, qui aide un ami à réparer son "almendron", l'une de ces fameuses berlines américaines des années 1950 qui circulent encore à Cuba.
Reliée au moteur, une lampe est suspendue dans le coffre de la voiture, garée sur le Paseo del Prado, l'une des principales avenues au coeur de La Havane totalement plongée dans le noir.
D'un bout à l'autre du pays, le réseau électrique est à l'arrêt. Ian, un ouragan majeur de catégorie 3, a provoqué de gros dégâts matériels dans la province de Pinar del Rio (Ouest) ainsi que dans les villes voisines d'Artemisa et de La Havane et ses 2,1 millions d'habitants. Son centre a quitté le territoire cubain à 09H50 (13H50 GMT).
"Il n'y a actuellement aucun service d'électricité nulle part dans le pays", a déclaré à la télévision cubaine Lázaro Guerra, directeur technique d'Union Eléctrica, la compagnie d'électricité étatique.
- Coupures récurrentes -
Un événement "exceptionnel", selon le ministère de l'Energie et des Mines ajoutant que l'électricité sera rétablie de façon progressive.
L'île connaît déjà de graves difficultés pour produire de l'électricité en raison de l'obsolescence des huit centrales thermoélectriques. Cet été, les coupures d'électricité ont provoqué des protestations, surtout la nuit, avec des concerts de casseroles, car sans ventilateur ni climatiseur il est difficile pour beaucoup de trouver le sommeil.
Les coupures de courant avaient été l'un des éléments déclencheurs des manifestations antigouvernementales d'ampleur des 11 et 12 juillet 2021, les plus importantes depuis 60 ans sur l'île communiste.
Selon M. Guerra, la panne est survenue sur les lignes dans l'Ouest, le centre et l'Est du pays. "La zone occidentale connaît une complication supplémentaire du fait d'un groupe de lignes de transmission hors-service en raison du passage de l'ouragan Ian", a-t-il ajouté.
La panne inquiète Harold Baez, 27 ans, garde de sécurité au célèbre glacier Coppelia à La Havane.
"Une panne de cette ampleur génère toujours de l'incertitude, c'est normal", dit-il, ajoutant: "il faut tout surmonter". Il se rend à la cafétéria de l'hôtel Habana Libre qui, à l'instar d'autres établissements pour les touristes internationaux, reste éclairé grâce à des générateurs.
Sans éclairage public ni feux de circulation dans les rues, les quartiers du centre de la capitale sont dans l'obscurité totale. Certains habitants utilisent des bougies ou des lampes à piles. D'autres sortent sur le pas de leur porte, s'éclairant avec leur téléphone portable.
"On est sortis parce que le bébé pleurait", explique une femme qui ne veut pas être identifiée, à la lumière du téléphone de son mari.
Pour Yoelmis Martínez, 36 ans, employée dans un restaurant, cette panne peut même avoir du bon. "Ce n'est pas que nous l'ayons souhaitée, mais c'est aussi un moyen d'économiser, c'est le côté positif, au moins on économise", confie-t-elle en regagnant la maison des amis chez qui elle s'est réfugiée durant l'ouragan.
(U.Beriyev--DTZ)