Après la mort d'Elizabeth II, le délicat retour médiatique du prince Andrew
Tombé en disgrâce après des accusations d'abus sexuels, le prince Andrew revient dans la lumière après la mort de sa mère, la reine Elizabeth II, mais une fois le deuil passé, les experts s'attendent à le voir retourner dans l'ombre sous Charles III.
A 62 ans, le troisième enfant de la défunte monarque marchait lundi avec ses frères et soeur, le nouveau roi Charles III, Edward et Anne, derrière le cercueil emmené jusqu’à la cathédrale Saint-Gilles d'Edimbourg.
Contrairement à eux, il était le seul habillé en civil, privé de l'uniforme militaire d'apparat.
Le duc d'York, père de deux filles, a été banni de toute apparition publique officielle et privé de ses titres militaires en début d'année après avoir été au coeur d'un scandale, accusé d'abus sexuel sur une jeune fille de 17 ans.
Menacé d'un procès aux Etats-Unis, il a mis fin aux poursuites en payant des millions de dollars.
Son rôle durant le deuil national en cours au Royaume-Uni constitue l'un des casse-tête que doit gérer la famille royale, avec la brouille entre les princes William et Harry.
"Andrew, vieux malade !", a ainsi hurlé un passant au moment où cet ancien pilote d’hélicoptère marchait en silence derrière le corbillard qui transportait la reine dans le centre d'Edimbourg.
Durant le week-end, Andrew, longtemps populaire pour sa participation à la guerre des Malouines contre l'Argentine en 1982, a aussi accompagné les membres de la famille royale pour saluer le public massé devant le château de Balmoral, où la reine s'est éteinte à 96 ans.
Robert Hazell, constitutionnaliste au University College de Londres, estime que Charles devrait à l'avenir laisser Andrew en retrait, notamment parce que le nouveau roi souhaite une famille royale active plus "réduite".
"En tant que membre de la famille, comme fils de la reine, il pleure logiquement sa mère", mais "je serais très étonné si le duc d'York conservait un rôle dans le futur", ajoute-t-il.
Sa présence lors d'un service en hommage à son père, le prince Philip, en mars dernier a aussi suscité des critiques. Il était entré aux bras de la reine et l'avait accompagnée jusque dans l'abbaye de Westminster.
- Défense désastreuse -
Sa mise à l’écart reflète le dommage sérieux qu’il est accusé d'avoir fait subir à la famille royale, du fait de son amitié avec le défunt financier américain Jeffrey Epstein, accusé de trafic de mineures.
Une jeune Américaine, Virginia Giuffre, l'a accusé d'agression sexuelle, alors qu'elle avait 17 ans, indiquant qu'elle l'avait rencontré par l'entremise d'Epstein.
Pour se défendre, il a donné un entretien désastreux à la BBC en 2019, dans laquelle il a remis en cause l’authenticité des photos le montrant avec la jeune fille.
La reine, dont Andrew était souvent qualifié de "fils préféré", l'avait alors privé de ses titres début 2022, poussée, selon certains, par son fils Charles et son petit-fils William.
"Les monarchies qui ont perdu le soutien public ont disparu", rappelle M. Hazell. "Tout monarque astucieux est toujours à l'écoute de l'opinion publique et prompt à réagir", ajoute-t-il, s'attendant à ce que Charles III "ne soit pas différent de sa mère".
Andrew a conclu un accord financier pour éviter un procès. En juin, son amie de longue date Ghislaine Maxwell a été condamnée à vingt ans de prison à New York pour sa complicité avec Epstein dans son trafic de mineures.
Le biographe royal Robert Johnson a indiqué que le prince William serait totalement opposé au retour de son oncle au premier plan.
Symbole de cette place en retrait, mais toujours présent au sein de la famille, Andrew et son ex-femme Sarah Ferguson, qui continuent de partager un manoir près du château de Windsor, vont adopter les deux chiens favoris de la reine. Les deux corgis avaient été offerts par le couple à la reine en 2021.
(L.Svenson--DTZ)