Espagne: les droits des employées de maison alignés sur ceux des autres salariés
Jusqu'à présent soumises à un régime d'exception, des centaines de milliers d'employées de maison vont avoir des droits identiques à ceux des autres salariés en Espagne et ne pourront plus notamment être licenciées sans justification.
L'Espagne, qui a été épinglée sur ce sujet par la justice européenne, "solde une dette historique vis-à-vis des employées de maison", a déclaré mardi la ministre communiste du Travail Yolanda Diaz après l'adoption par le gouvernement d'un décret mettant fin à la "discrimination" dont elles étaient victimes.
Cette réforme permet aux employées de maison de bénéficier des prestations chômage, dont elles étaient jusqu'à présent exclues, en rendant obligatoire la cotisation des employeurs à un fonds dédié à partir du 1er octobre.
Elle met par ailleurs fin à un mécanisme qui permettait aux particuliers employant du personnel de maison de mettre un terme sans justification au contrat de leur salarié.
Les employées de maison bénéficieront enfin d'une "protection" garantie en matière de santé et pourront avoir accès à des dispositifs de formation leur permettant d'"améliorer leurs opportunités" professionnelles et "leurs conditions de travail", selon Mme Diaz.
Cette réforme avait été annoncé fin mars par le gouvernement de gauche, en réponse à une décision de la Cour de justice de l'Union européenne (CJUE), qui avait jugé "contraire au droit" européen la législation espagnole, empêchant le personnel de maison de bénéficier de l'assurance chômage.
Cette disposition, défendue jusqu'alors par Madrid au nom des "spécificités de ce secteur professionnel", est une "discrimination indirecte fondée sur le sexe", les femmes représentent plus de 96% des employés de maison en Espagne, avait insisté la Cour.
Dans un communiqué, le syndicat UGT a salué mardi la fin du régime d'exception acté par le gouvernement.
Il s'agit d'une "avancée historique", a-t-il jugé, en promettant de continuer à lutter pour les droits des employées de maison, souvent "de nationalité étrangère" et en particulier latino-américaines.
"Après des années de lutte, les employées de maison vont devenir des travailleuses avec des droits", s'est félicitée de son côté Carolina Vidal López, secrétaire confédérale de CCOO (Commissions ouvrières), qui évalue à 600.000 les personnes travaillant comme employés de maison en Espagne.
Autour de 200.000 ne seraient pas déclarées et ne bénéficieront donc pas de cette réforme, selon le syndicat.
(O.Tatarinov--DTZ)