Fausses accusations contre Garrido et Corbière: enquête ouverte pour escroquerie
Une enquête a été ouverte mercredi pour escroquerie après la mise en cause à tort du couple de députés LFI Raquel Garrido et Alexis Corbière dans un article du Point finalement retiré.
Les deux députés avaient déposé deux plaintes, une contre X pour faux et usage de faux et usurpation d'identité, l'autre pour diffamation contre le journaliste auteur de l'article, Aziz Zemouri, et l'hebdomadaire.
Jeudi, le parquet de Paris a confirmé l'information de BFMTV de l'ouverture de cette enquête suite à la première plainte, confiée à la Brigade de répression de la délinquance contre la personne (BRDP).
La semaine dernière, Le Point avait publié en ligne un article qui accusait indûment le couple d'avoir exploité une femme de ménage sans papiers, ce que les deux élus avaient aussitôt démenti fermement: "tout est faux", avaient-ils protesté.
Fait très rare, l'article avait été retiré dès le lendemain.
Dans une adresse à ses lecteurs, le journal a admis mardi que l'article s'était "révélé faux" et "mensonger".
Le Point a invoqué un "enfumage externe, d'abord" en écrivant que "des personnes ont vraisemblablement cherché à vendre une fausse histoire pour jeter le discrédit sur Raquel Garrido et Alexis Corbière".
L'hebdomadaire a aussi expliqué que les captures d'écran des SMS prétendument échangés entre la fausse employée et Raquel Garrido, et publiées par le journaliste, "constituaient un montage grossier".
Dans le même temps, Le Point a ouvert une enquête interne, l'auteur de l'article a été mis à pied et convoqué à un entretien préalable à un possible licenciement.
Lundi, le directeur du Point Étienne Gernelle avait déclaré que les fausses informations avaient été "inventées" par des intervenants encore inconnus, puis répercutées par un journaliste qui avait "fondu un plomb".
L'hebdomadaire a reconnu des défaillances dans ses "processus de contrôle interne".
- "stratagème" -
Mardi, le journaliste du Point Aziz Zemouri a pour sa part déposé plainte dans le Val-de-Marne contre l'ex-député UDI Jean-Christophe Lagarde et un policier.
Il affirme que ce policier, "qui serait détaché auprès de la mairie de Drancy" - dont la maire est l'épouse de M. Lagarde - l'avait contacté fin mai pour le mettre en contact avec une femme prétendant être une aide ménagère, non déclarée et sans papiers, du couple de députés.
Raquel Garrido, 48 ans, a été élue députée de Seine-Saint-Denis face à M. Lagarde au deuxième tour des législatives.
"C'est gravissime d'avoir monté un stratagème pour abuser un journaliste, ce qui aurait pu avoir pour conséquence de fausser le suffrage universel", a commenté mercredi l'avocat du journaliste, Me David-Olivier Kaminski.
Selon le parquet de Paris, cette plainte a été jointe à l'enquête pour escroquerie.
L'ouverture de cette enquête est "une belle" étape, qui devra chercher à établir "quel était l'objectif poursuivi avec la création de ce faux", a réagi auprès de l'AFP l'avocat du couple, Me Xavier Sauvignet.
Selon lui, "le parquet envisage qu'il y ait une dimension politique dans cette affaire" pour "nuire" à Mme Garrido lors de la campagne des législatives.
L'escroquerie est le fait, par l'emploi de manœuvres frauduleuses ou par l'emploi d'une fausse qualité par exemple, de tromper une personne pour le déterminer à fournir un service au préjudice d'un tiers.
Pour M. Sauvignet, dans ce schéma, la personne trompée serait M. Zemouri, le service l'article mensonger et le tiers Mme Garrido.
(L.Møller--DTZ)