Ghislaine Maxwell condamnée à 20 ans de prison pour trafic sexuel de mineures
Elle risque de finir sa vie en prison à New York: âgée de 60 ans, l'ex-mondaine britannique Ghislaine Maxwell, reconnue coupable fin 2021 de trafic sexuel de mineures pour le compte du financier américain décédé Jeffrey Epstein, a été condamnée mardi à 20 ans d'emprisonnement.
"La peine prononcée aujourd'hui rend Ghislaine Maxwell responsable d'avoir commis des crimes odieux contre des enfants. Cela envoie un message fort: personne n'est au-dessus des lois et il n'est jamais trop tard pour la justice", a déclaré dans un communiqué Damian Williams, procureur fédéral du tribunal de Manhattan, où la juge Alison Nathan a rendu son jugement.
Au prononcé de la peine, Mme Maxwell a pour la première fois exprimé sa "sympathie pour toutes les victimes" dans cette affaire.
"J'ai passé les 17 dernières années dans ma propre prison pour ce qu'elle, Jeffrey (Epstein) et tous les complices m'ont fait. J'ai été violée à plusieurs reprises. Parfois, j'étais violée trois fois par jour (...). Il y avait un afflux constant de filles qui étaient violées maintes et maintes fois", a affirmé la jeune femme qui n'était pas partie civile au procès de Mme Maxwell.
- Entre 15 et 55 ans encourus -
La sexagénaire était incarcérée à New York depuis son arrestation dans le nord-est des Etats-Unis à l'été 2020. Après son procès en novembre et décembre derniers, elle encourait des dizaines d'années de réclusion criminelle.
Ses avocats avaient formé mi-juin une demande de clémence pour une condamnation à moins de 20 ans. Alors même que les textes juridiques et la jurisprudence prévoient jusqu'à 55 années de réclusion et que les procureurs avaient dit tabler sur au moins 30 ans pour sa "responsabilité" et son "manque total de remords" pour ses crimes sexuels.
Dernière tentative samedi pour échapper à son sort: l'avocate de Mme Maxwell, Bobbi Sternheim, avait réclamé un report du prononcé de la peine car sa cliente avait été placée "sous surveillance" en prison en raison d'un risque de "suicide".
"Sans justification", selon la défense.
Les avocats avaient aussi invoqué, en vain, la responsabilité et l'influence néfaste de Robert Maxwell -- un père "autoritaire" mort en 1991 en tombant mystérieusement de son yacht -- et de Jeffrey Epstein, financier multimillionnaire qui s'est suicidé en prison à New York en août 2019 avant son procès pour crimes sexuels sur mineures.
Ghislaine Maxwell, qui est britannique, américaine et française, a été reconnue coupable le 29 décembre par le tribunal de Manhattan, notamment de trafic sexuel de filles mineures. Certaines victimes n'avaient que 14 ans dans les années 1990 et 2000.
Son procès l'avait dépeinte en "prédatrice sophistiquée" qui agissait en toute connaissance de cause pour attirer et séduire des jeunes filles et les livrer à Epstein dans ses résidences de Floride, de Manhattan, du Nouveau-Mexique et des Îles Vierges.
"Jane", "Kate", "Carolyn" et Annie Farmer, 42 ans, la seule à s'exprimer sans pseudonyme, avaient dévoilé à l'audience leurs vies abîmées par des relations sexuelles forcées avec Epstein --d'abord des massages sexuels-- alors qu'elles avaient entre 14 et 17 ans, souvent en présence de Maxwell.
- "L'erreur de sa vie" -
Née et élevée dans un milieu hyper privilégié au Royaume-Uni, Ghislaine Maxwell a encore assuré ce mois-ci via ses avocats avoir "eu une enfance difficile, traumatisante" et avoir fait "la plus grave erreur de sa vie" en rencontrant Epstein.
Ghislaine Maxwell et Jeffrey Epstein étaient en couple au début des années 1990 avant de devenir collaborateurs professionnels et complices pour leurs crimes sexuels durant près de 30 ans.
Le financier, aux puissants réseaux économiques et politiques aux Etats-Unis et à l'étranger, était lui-même accusé d'avoir violé des jeunes filles mais son suicide a éteint l'action publique à son encontre.
Dans un volet distinct de ce dossier aux ramifications internationales, le prince britannique Andrew, ami de la paire Maxwell-Epstein, a scellé le 15 février un accord à l'amiable --pour 13 millions de dollars selon le Daily Telegraph-- avec l'Américaine Virginia Giuffre, elle-même victime présumée du couple, qui l'accusait de l'avoir agressée sexuellement en 2001 quand elle était mineure.
La famille royale britannique s'est ainsi évité un procès au civil à New York aussi retentissant qu'embarrassant.
(U.Kabuchyn--DTZ)