Afghanistan: douleur et résignation dans les villages les plus durement frappés par le séisme
Des amas de pierres partout, murs effondrés, toits écroulés: ravagé par le tremblement de terre qui a frappé le sud-est de l'Afghanistan, le village de Ghurza, dans la province de Paktika durement éprouvée, n'est plus jeudi que désolation.
Les rescapés du séisme, lequel a fait au moins un millier de morts, n'ont plus d'endroit pour s'abriter et errent dehors, le regard las et résigné.
Zaitullah Ghurziwal vivait-là sur une parcelle accueillant six familles. Il pointe du doigt sa maison en ruines.
"Il n'y a pas de couvertures, pas de tentes, pas d'abris (...). Nous avons besoin de nourriture et d'eau. Tout notre système de distribution d'eau est détruit. Tout est dévasté, les maisons sont détruites. Les gens ne peuvent que retirer des morts (des décombres) et les enterrer", ajoute-t-il.
La localité, dans le district de Bermal, est située sur une piste en terre cahoteuse, avec des ornières, serpentant dans la moyenne montagne le long d'une large rivière presque à sec, qu'il faut parfois emprunter pour poursuivre sa route.
Plusieurs villages du district ont été entièrement détruits. Régulièrement un hélicoptère militaire arrive de la vallée pour déposer des vivres, ou bien ramener chez eux des blessés qui ont été soignés dans des hôpitaux. Quelques ONG étrangères ont distribué ponctuellement de la nourriture, mais aucune agence de l'ONU n'est visible.
Ghurza est très difficile d'accès et témoigne des difficultés logistiques auxquelles font face les secours, qui n'accèdent que très lentement aux sites les plus touchés.
- 'Même pas une pelle' -
La frontière pakistanaise est toute proche. Sur une colline dominant le village, se trouve une ancienne base américaine.
"Nous avons beaucoup de morts et de blessés. Peu d'entre nous ne sont pas blessés", souligne Zaitullah.
Après l'effroi des premières heures, les habitants ont déjà pourtant séché leurs larmes. Le malheur et la misère sont un lot presque quotidien dans cette région, l'une des plus pauvres du pays.
Mercredi, ils ont enterré une soixantaine de personnes et il leur restait encore 30 corps à inhumer jeudi. "Nous n'avions même pas une pelle pour creuser, aucun équipement, alors nous avons utilisé un tracteur", décrit Zaitullah.
Au milieu de la cour, sa mère octogénaire, légèrement blessée, est allongée sur un lit, abritée du soleil par un drap. La nuit précédente, il a plu fortement et des enfants ont dormi là dans une voiture sans roue.
Près d'une maison entièrement détruite, une tente est dressée, sous laquelle s'abritent une quinzaine de femmes et d'enfants de plusieurs familles. "J'ai quatre morts (dans ma famille)", explique Zulfana, 80 ans, vêtue d'une robe de velours rouge à fleurs et d'un long châle vert.
"Je les ai enterrés aujourd'hui (jeudi) et 12 autres sont blessés. Je me sens si vulnérable, je n'ai pas un seul sou", soupire-t-elle.
Nawab Khan a aussi perdu sept membres de sa famille: son épouse et six de ses enfants. "Quatre d'entre nous sommes blessés, dont un frère qui est malade mental", dit-il. L'un de ses fils, blessé, a eu la chance d'être transporté à Kaboul, pour y être soigné.
(L.Møller--DTZ)