Le cyclone Batsirai "stationnaire" reste "aux portes" de la Réunion
Le cyclone Batsirai était "stationnaire" jeudi à la mi-journée et restait à 200 km des côtes de la Réunion, île française de l'océan Indien toujours placée en alerte rouge avec un risque de crues en raison des pluies diluviennes.
"L'épisode dure" et le cyclone tropical est "juste à nos portes. Il est stationnaire depuis quelques heures, nous restons dans une périphérie immédiate" avec des vents allant jusqu'à "150 km/h dans les hauts", a indiqué Emmanuel Cloppet, directeur régional de Météo-France, lors d'un point presse à la mi-journée, heure locale.
"On est dans la période la plus impactante, sur le plan de la houle et du vent", a ajouté le préfet de l'île, Jacques Billant, mettant en garde les 860.000 habitants sur le risque de crues. C'est "souvent à l'arrière du cyclone que les bandes nuageuses" peuvent avoir le plus fort impact.
Ces précipitations continues devraient se maintenir "au moins toute la journée et certainement la nuit à venir", selon M. Cloppet.
Sept cours d'eau sont à ce titre en vigilance jaune et les habitants domiciliés dans des zones à risque peuvent s'abriter dans l'un des 143 centres d'hébergement mis à disposition par les communes. "Un peu moins de 200 personnes" avaient pour l'heure choisi de s'y réfugier, selon la préfecture.
L'île a été placée en alerte rouge cyclonique mercredi à 19H00 locales (15H00 GMT), imposant aux habitants de se barricader, alors que feuilles, branches et quelques arbres jonchaient les chaussées à Saint-Denis.
Jeudi matin, le préfet a déploré douze blessés durant la nuit, tous hospitalisées sans que leur pronostic vital soit engagé.
Dix personnes ont été intoxiquées au monoxyde de carbone, sur la commune du Tampon, à cause de leur groupe électrogène. Un sapeur-pompier a par ailleurs été "électrisé au cours d’une intervention sur un feu de pavillon à Saint-Denis" et une personne a été blessée à Tampon à la suite d'une chute depuis un toit d’une hauteur de trois mètres.
Le préfet a insisté sur "le risque d'intoxication au monoxyde de carbone qui peut être généré lors de l'utilisation de groupes électrogènes en milieu fermé".
La préfecture a par ailleurs indiqué avoir recensé 25 interventions directement liées au cyclone.
- Coupures d'eau et d'électricité -
Des coupures d'eau préventives pour préserver les installations touchaient jeudi matin 30.000 personnes et des perturbations sur le réseau électrique ont touché l'ensemble des communes du territoire.
Des coupures d'électricité ont touché jusqu'à 74.000 foyers, a précisé EDF dans un communiqué. A 11H00 heure locale, "42.000 de nos clients sont actuellement privés d’électricité" (10% de nos clients). "Grâce à la mobilisation des équipes EDF, 32.000 clients ont pu être réalimentés via des manœuvres à distance", ajoute l'opérateur appelant à ne pas "s'approcher ou toucher un câble tombé à terre en raison des risques d’électrocution".
Le principal aéroport (Roland-Garros) a été fermé. La route du littoral, axe majeur de l'île reliant la capitale administrative Saint-Denis au port et aux villes de l'ouest fortement habitées, a été fermée en raison des risques de forte houle. Ainsi que la route du Cilaos qui serpente dans la montagne.
En fin de semaine, Batsirai devrait toucher les côtes est de Madagascar et notamment la région de Mahanoro, prévoit Météo-France, possiblement au stade de Cyclone Tropical Intense. L'impact pourrait être "majeur" pour cette région et de fortes pluies pourraient concerner la moitié sud de Madagascar.
Chaque année durant la saison cyclonique (de novembre à avril) une dizaine de systèmes dépressionnaires (tempêtes ou cyclones) traversent le sud-ouest de l'océan indien, d'est en ouest.
La Réunion peut être touchée par des épisodes de pluies et de vents quand ces phénomènes s'en approchent plus ou moins loin, mais au vu de la petite taille de l'île (2.512 km²), celle-ci est rarement directement touchée par l’œil d'un cyclone.
Le dernier épisode de ce type remonte à 2002 avec le passage du cyclone Dina. L'île de Madagascar, située à moins de 1.000 km à l'est, essuie par contre plus souvent les dégâts causés par ces météores en raison de l’étendue de ses terres (plus de 500.000 km²)
(L.Barsayjeva--DTZ)